samedi 14 septembre 2024

Euro 2024 : Ronaldo peut-il encore faire gagner le Portugal ?

À lire

Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

A quelques semaines d’un Euro qui promet énormément, les questions sont aussi nombreuses que les favoris, les réponses aussi ouvertes que le nombre d’outsiders qui rêvent d’imiter l’Italie, étonnant vainqueur de la dernière édition.

Le pays organisateur va-t-il enfin gagner à domicile ?

Il faut remonter à 1984 pour voir le pays organisateur, la France en l’occurrence, s’imposer à domicile. 40 ans ! En 1988, l’Allemagne s’était fait éliminer en demi-finale par les futurs vainqueurs de l’épreuve, les Pays-Bas. 44 ans après, la Mannschaft a depuis longtemps changé de statut pour n’aborder son épreuve que dans la peau d’un outsider.

« C’est peutêtre sa chance, nous dit Patrick Guillou, consultant BeIN SPORTS pour la Bundesliga, car même si la pression sera forte, il y a assez de talent dans cette équipe pour aller loin. Leur premier tour est abordable et peut leur permettre de gagner en confiance pour monter ensuite en puissance. Ils ont montré face à la France (2-1 puis 0-2, Ndlr) que, sur un match, ils pouvaient battre n’importe qui. » Et perdre aussi contre n’importe qui, leurs récentes défaites face à la Pologne, la Colombie, le Japon, la Turquie et l’Autriche en attestent…

À LIRE AUSSI : toute l’actualité dans votre mag

L’Italie peut-elle conserver son titre ?

Après Sandro Tonali, le milieu de Newcastle purgeant une suspension pour un pari illicite, le forfait de Domenico Berardi, victime d’une rupture du tendon d’Achille est un nouveau vrai coup dur pour la Squadra Azzura. Ces deux absences pèsent lourd et font reposer tout le poids de la créativité et de l’efficacité sur Chiesa.

« La Squadra Azzura traverse une mauvaise période, analyse l’ancien joueur de l’Inter Benoit Cauet, mais a aussi prouvé qu’elle était capable de se transcender sur des grands rendez-vous. Avant l’Euro 2020, elle n’était pas plus favorite, ça ne l’a pas empêchée de profiter des circonstances et de gagner. Si elle sort du groupe de la mort, tout sera de nouveau possible. Ce ne serait pas la première fois que l’Italie déjoue les pronostics. » Ce n’est pas autrement, en simples outsiders, qu’ils ont été champions du monde en 1982 et 2006, champions d’Europe en 2020…

Le ballon d’Or s’y jouera-t-il ?

Messi n’étant plus candidat, sur une année d’Euro, c’est à coup sûr à un Européen que reviendra le prochain Ballon d’Or. Même si le Viking de City Haaland venait à conserver la Ligue des Champions, on le voit mal triompher si la France ou l’Angleterre venait à gagner l’Euro.

La France peut-elle passer encore à côté ?

A l’Euro, la bande à Deschamps reste sur deux énormes frustrations, celle d’une finale perdue à domicile face au Portugal et celle d’une élimination surprise face à la Suisse. C’est donc doublement motivés, avec le même sélectionneur et un trio magique Mbappé-Griezmann-Dembélé que cette génération ira chercher le seul titre qui lui manque. Malgré un style de jeu souvent poussif, la France avançait avec beaucoup de certitudes.

Pour cette génération éduquée dans le culte de la victoire, toute autre résultat qu’un troisième trophée serait une déception. « Sur le papier, l’équipe de France est la plus complète, insiste l’ancien entraîneur d’Auxerre Guy Roux. Si elle est épargnée par les blessures, si Mbappé et Griezmann, les deux piliers, sont à leur meilleur niveau, elle peut gagner le titre. Mais, à partir des quarts, une nouvelle compétition débute qui sourit parfois aux plus chanceux, aux plus réalistes, pas toujours aux meilleurs ou aux plus méritants. »

La Belgique peut-elle être l’équipe surprise ?

Les supporteurs des Diables Rouges voient un signe dans la clémence du tirage. Avec la 1ère place attendue, la perspective de jouer un 3ème de groupe en 8èmes les renvoie vers un quart face à la… France. L’occasion idéale pour effacer le souvenir de la demi-finale mondiale perdue en 2018.

L’absence de Courtois, de nouveau blessé (au genou droit en mars après le gauche en août !) n’affecte pas plus que ça une sélection qui reste très compétitive à l’image d’une phase éliminatoires sans aucune défaite (6 victoires, 2 nuls). Les nouveaux Diables ne font aucun complexe, à l’image de Loïs Openda qui déclarait sur la RTBF :

« En Allemagne (où il évolue depuis cette saison au RB Leipzig, Ndlr), on nous considère comme un prétendant au titre. Et pas seulement en Allemagne. Une nouvelle génération est apparue qui a déjà montré de belles choses. Avec notre noyau, on peut être considéré comme l’un des favoris. » Il était rejoint par l’ancien défenseur international, devenu consultant, Philippe Albert : « L’objectif minimum est les quarts de finale. » Un jour, la roue finira bien par tourner pour nos amis belges…

Quelle « petite » nation ira le plus loin ?

Sans aller jusqu’à imaginer la victoire d’une nation de seconde zone, comme l’était la Grèce en 2004, le format permet à plusieurs formations de tirer leur épingle du jeu comme l’avaient fait l’Islande en 2016 (quart de finaliste) ou le Pays de Galles (demi-finaliste). Cette année, beaucoup misaient sur l’Albanie… avant que le sort la place dans le groupe de la mort avec l’Italie, l’Espagne et la Croatie. Nous penchons davantage sur la Hongrie ou la Turquie.

Les deux sont tombés dans un groupe accessible qui peut leur permettre d’accéder aux 8èmes, une performance réalisée en 2016 par les coéquipiers de Szoboszlai. Derrière le Portugal, si elle est au niveau de cette année, la Turquie devrait se présenter en épouvantail en huitièmes avec l’espoir de refaire le coup de 2008 quand les joueurs de Fatih Terim n’avaient abdiqué qu’à la 90ème minute de leur demi-finale face à l’Allemagne (2-3).

L’Espagne sera-t-elle au rendez-vous ?

Douze ans après son dernier titre européen, la Roja se reconstruit petit à petit et aurait mérité, au moins autant que l’Italie, de défier l’Angleterre lors de la dernière édition de l’Euro. Encore victimes des tirs au but face au Maroc en 8èmes de la Coupe du monde, les joueurs de De La Fuente ont compensé en remportant la Ligue des Nations aux dépens de l’Italie et de la Croatie… deux nations qu’elle va retrouver en phase de groupes ! Avec l’Albanie, le programme s’annonce copieux pour une équipe qui parait encore tendre. Yamal, Williams, Fati ou Pedri n’ont pas encore l’étoffe de leurs illustres aînés. Cet Euro arrive encore un peu tôt.

Cristiano Ronaldo a-t-il encore le niveau pour être décisif ?

Très décevant lors de la dernière Coupe du monde, le joueur d’Al-Nassr a été maintenu dans le groupe par le nouveau sélectionneur, Roberto Martinez. L’ancien mentor des Diables Rouges a préféré continuer à solliciter le quintuple Ballon d’Or de 39 ans pour « s’appuyer sur son expérience ». Si le choix s’est avéré plutôt pertinent pour les qualifications, où CR7 a marqué 5 buts, et où le Portugal a réalisé un sans-faute (10 matches, 10 victoires), la faiblesse de l’opposition relativise le bilan.

« Il n’est certainement pas aussi rapide et tonique qu’avant mais, s’il est en pleine possession de ses moyens, il a largement sa place dans le groupe, estime Vahid Halilhodzic, l’ancien joueur et entraîneur du PSG. Sur une courte période, dans des matches tendus, il peut être précieux. On connait son professionnalisme, son mental hors norme pour aller chercher toujours plus de records, son sens du but exceptionnel, l’avoir en joker est un luxe. »

Les Pays-Bas peuvent-ils refaire le coup de 1988 ?

Personne n’a oublié aux Pays-Bas l’été 1988. 14 ans après avoir perdu la finale de la Coupe du Monde 1974, face à la RFA, dans ce même stade olympique de Munich, les Oranje prenaient une éclatante revanche en s’imposant face à l’URSS, le premier et seul titre à ce jour d’une sélection qui accumule les places dans le dernier carré (3 finales et 2 demi-finales de Coupe du monde, 1 victoire et 4 demi-finales d’Euro) sans jamais parvenir à aller au bout. Inexistants depuis leur demi-finale mondiale de 2014, à peine ragaillardis au Qatar pour un quart en trompe l’oeil face à l’Argentine, les Néerlandais attendent toujours l’émergence d’une nouvelle génération dorée.

« On sent qu’il manque un patron à cette équipe, décrypte Vahid Halilhodzic, quelqu’un qui fasse l’unanimité pour fédérer toutes les énergies et rendre les autres meilleurs. Les Pays-Bas sont souvent passés à côté de grandes victoires par manque de mental. » Cruyff, Van Basten, Sneijder… il a souvent suffi d’un seul joueur pour transcender les Oranje. Xavi Simons sera-t-il celui-là ?

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Actu

spot_img
spot_img

À lire aussi