vendredi 26 avril 2024

Julian Alaphilippe : roi de France et déjà légende du cyclisme tricolore ?

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Avec ce deuxième titre de champion du monde consécutif, Julian Alaphilippe est entré encore un peu plus dans l’histoire du cyclisme. Mais quelle place a-t-il dans la hiérarchie française ? Peut-il être (déjà) considéré comme le plus grand de tous les temps ?

En s’imposant en Belgique, Julian Alaphilippe n’a pas seulement semé la zizanie au pays du cyclisme avec des frictions entre Wout Van Aert et Remco Evenepoel, il est aussi devenu le premier français à conserver le titre mondial.

Avant lui, seuls six coureurs avaient réussi cet exploit (Georges Ronsse en 1929, Rik van Steenbergen en 1957, Rik van Looy en 1961, Gianni Bugno en 1992, Paolo Bettini en 2007 et Peter Sagan en 2016). Pour entrer encore un peu plus dans l’histoire, il peut égaler le record de Peter Sagan, le seul à avoir réalisé un triplé avec une nouvelle victoire en 2017.

Il est aussi le neuvième français sacré après Georges Speicher en 1933, Antonin Magne en 1936, Louison Bobet en 1954, André Darrigade en 1959, Jean Stablinski en 1962, Bernard Hinault en 1980, Luc Leblanc en 1994 et Laurent Brochard en 1997.

Bernard Thévenet ne cache pas son admiration pour l’un des meilleurs coureurs du monde actuellement, un coureur qui a redonné de la fierté et du bonheur aux supporteurs français :

« Ce que réalise Julian est absolument phénoménal. Ces quatre dernières saisons, il est à un niveau incroyable. Il a permis à la France d’avoir un nouveau champion du monde, elle l’attendait depuis 1997 et la victoire de Laurent Brochard. Au-delà de ce doublé au Mondial, il a gagné quasiment toutes les classiques auxquelles il a participé. »

« Anquetil et Hinault seront difficiles à détrôner »

Julian Alaphilippe s’est, en effet, construit un palmarès hors norme en à peine trois ans lui qui est professionnel depuis 2013. Il s’est adjugé six étapes sur le Tour de France, une étape sur la Vuelta, Milan-San Remo (2019), les Strade Bianche (2019), la Flèche Wallone à trois reprises (2018, 2019, 2021).

Il lui manque seulement quelques classiques comme le Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège. Spécialiste des classiques, capable de coups sur les grands Tours, Alaphilippe devrait encore donner la saison prochaine la priorité aux classiques.

Il s’alignera bien sûr sur le Tour de France, mais avec l’objectif de gagner des étapes en faisant le spectacle et éventuellement prendre le maillot jaune comme il l’a fait en juillet dernier. Mais il n’est pas encore décidé à bâtir son programme en fonction d’une victoire finale dans le Tour de France, il ne possède pas non plus une équipe capable de l’épauler dans ce but.

En prolongeant cette année avec Deceuninck-Quick Step jusqu’en 2024 alors que plusieurs écuries françaises rêvaient de le faire signer et lui auraient certainement offert des équipiers capables de l’aider dans les grands Tours, il a clairement fait le choix de privilégier les classiques et de faire une croix certainement définitive sur une victoire finale dans le Tour de France.

30 ans, en forme, Alaphilippe sera toujours sur le Tour de France

L’an prochain, il aura 30 ans, des jeunes arrivent, plus les années passent, plus il s’éloigne de ce rêve qu’ont les Français de voir le coureur actuel le plus populaire gagner enfin le Tour de France alors que le dernier vainqueur français est toujours Bernard Hinault en 1985. Un Hinault qui reste au-dessus d’Alaphilippe pour Bernard Thévenet :

« Jacques Anquetil et Bernard Hinault seront difficiles à détrôner pour moi. Julian Alaphilippe est plus spécialisé qu’eux, c’est un puncheur. Un coureur de grands Tours est présent tout le temps, il faut gérer son physique sur trois semaines. C’est complètement différent. Avec le caractère qu’il a, c’est le coureur de classiques parfait.

Il ne faut pas oublier quand même que Bernard Hinault gagnait partout, le Tour de France, Paris-Roubaix, les classiques. En terme de popularité, il n’avait rien à envier à Alaphilippe, les Français aimaient aussi le côté battant d’Hinault. Il ne s’avouait jamais vaincu et surtout il gagnait sur tous les terrains. Et puis il a quand même gagné cinq Tours de France tout comme Jacques Anquetil plus trois Giro et deux Vuelta. Anquetil s’imposant aussi sur deux Giro et une Vuelta. »

Même s’il remporte un troisième titre mondial consécutif l’an prochain, Julian Alaphilippe n’aura pas un palmarès aussi complet que Bernard Hinault. Au-delà du Tour de France, il ne gagnera probablement jamais Paris-Roubaix, son physique le desservant.

Julian Alaphilippe restera dans l’histoire non pas comme le plus grand, mais comme l’un des plus grands cyclistes français, comme l’un de ceux qui aura également procuré le plus de plaisir aux supporteurs et c’est bien ça le plus important pour un coureur qui fonctionne à l’affectif et se nourrit de l’amour des spectateurs sur le bord de la route pour dépasser ses limites.

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