A 19 ans, le grimpeur nivernais Lenny Martinez fait partie du contingent de jeunes de la Conti que Marc Madiot a souhaité propulser en World Tour en 2023. En remportant cet été sa première course chez les professionnels, il s’est mis dans la roue des plus grands… dans la grande lignée familiale des Martinez.
Bon sang ne saurait mentir. Lenny Martinez, neveu de Yannick (ex-AG2R et Europcar), petit-fils de Mariano (ex-La Redoute, vainqueur de deux étapes du Tour en 1978 et 1980, meilleur grimpeur du Tour en 1978), et fils de Miguel, champion olympique et du monde de VTT en 2000, s’inscrit dans une généalogie de coureurs aux profils bien déterminés.
Qualifié de « grimpeur d’exception » par le directeur sportif de la Conti Groupama, Jérôme Gannat, celui qui a débloqué son compteur de victoires chez les pros en remportant le Tour du Val d’Aoste en juillet (course par étapes réservée aux U23) et qui a remis ça en fin de saison en s’adjugeant deux étapes de la Ronde de l’Isard, a été appelé par Madiot sur le Tour des Alpes.
Une première course par étapes seniors où sa 14ème place annonçait un premier coup d’éclat lors de la Mercan’tour Classic où il fit exploser le peloton sur les pentes de la Couillole, avant de laisser Gaudu à la bagarre avec Fuglsang et Woods, et de terminer à la 8ème place après avoir regardé droit dans les yeux quelques uns des meilleurs grimpeurs du circuit, Meintjes, Herrada, Froome, Pinot, Izagirre, Barguil ou Champoussin.
Lenny Martinez promu par Madiot
Dans la foulée, conscient qu’il détenait là un profil rare, parfait complément du jeune puncheur Romain Grégoire, Madiot ne pouvait que le promouvoir et lui proposer un contrat de deux ans. D’ici 2024, on devrait donc revoir souvent le dernier des Martinez aux avant-postes dès que la route s’élève.
Formé au VTT après avoir essuyé les plâtres en Urbex (pratique consistant à visiter des constructions abandonnées, souvent d’anciens sites industriels), Lenny respire vélo depuis sa plus tendre enfance, passée entre les Alpes Maritimes où réside sa mère, et Garchizy, en Bourgogne, chez son père, où Groupama-FDJ est allé le chercher au CC Varennes-Vauzelles pour l’intégrer aux installations de la Conti à Besançon.
En passant pro, en partageant le même agent que Julian Alaphilippe, Martinez a changé de monde en 2022, et ses performances ont été suffisamment significatives pour attirer le regard de toutes les formations en quête de pépites. Dans la lutte à distance qu’il livre à son grand rival belge, si Cian Uijtdebroeks a pris un an d’avance en intégrant le Word Tour chez BORA-hansgrohe l’an passé, Martinez a assez de talent et de détermination pour ne pas se faire lâcher.
« Cela faisait un moment que nous n’avions pas vu un tel grimpeur en France »
Avec un gabarit (1m67 pour 52 kg) de pur grimpeur, une VO2 max largement au-dessus de la moyenne (supérieure à 80) et une énorme marge de progression sur le plat pour gagner en puissance, Martinez attaque sa première saison en World Tour avec autant d’humilité que d’ambition et d’atouts pour rapidement y exister :
« Cela faisait un bon moment que nous n’avions pas vu un tel grimpeur au sein de l’équipe, et même en France, témoigne Nicolas Boisson, son entraîneur à la Conti. C’est vraiment un pur grimpeur. Pour autant, il faut aussi l’emmener sur des courses qui ne sont pas de son registre car si demain il est au départ d’un grand Tour, il faut qu’il soit capable de passer les bordures et tous ces pièges-là. »
Le 11 juillet, jour de ses 20 ans, le Tour sera dans le Massif Central. Lenny regardera certainement la 10ème étape entre Vulcania et Issoire à la télé. La mise sur orbite n’est pas prévue pour 2023, mais elle ne saurait tarder non plus tellement son potentiel apparait important dans un registre de grimpeur haut de gamme qui ne court pas les pelotons côté français. « La Groupama-FDJ ne veut pas me cramer, tempérait-il au moment d’entériner son entrée dans le grand monde, mais elle ne me bridera pas non plus… » On a tous hâte de voir ça.
Tom Boissy