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Après sa 23ème place en 2021, Manuel Cousin espérait faire mieux cette année. Malgré un état d’esprit irréprochable, il a dû se contenter de la 31ème place. Il nous raconte sa course. 

Vous avez mis quasiment 8 jours de plus pour boucler le Vendée Globe (111 j) par rapport à 2021 (103 j et 18 h). Comment avez-vous vécu ces jours supplémentaires en mer ? 

111 jours en mer, c’est très long (rires). J’étais content d’arriver, de dormir dans un bon lit, de prendre une bonne douche, de revoir aussi des figures familières. Arriver dans une course aussi difficile et exigeante que le Vendée Globe, c’est déjà une victoire même si on est loin des premiers. L’être humain a cette capacité à rapidement oublier les mauvais moments pour ne garder que les bons. Et finalement avec le temps on oublie les galères. Et vivre la remontée du chenal ça vaut toutes les galères du monde. J’ai eu un accueil incroyable, je ne m’attendais pas à voir autant de monde pour être honnête. 

Vous aviez énormément modifié et allégé votre bateau afin qu’il soit plus performant qu’en 2021 et finalement vous faites un moins bon classement (23ème en 2021, 31ème cette année). Regrettez-vous d’avoir autant modifié le bateau ? 

Non pas du tout. C’était nécessaire. Le bateau était plus rapide, mais j’ai eu des problèmes techniques et j’ai aussi manqué de chance en heurtant en début de course un OANI (un objet ou un animal non identifié). J’étais dans le cockpit et l’impact m’a projeté violemment dans le carré. J’aurais pu me blesser gravement. Dans mon malheur, j’ai eu de la chance. C’est le genre de choses que l’on ne peut pas programmer. C’était arrivé il y a quatre ans à Samantha Davies et elle avait dû abandonner.

Manuel Cousin à l'arrêt en plein océan

Vous vous n’avez pas abandonné...

Non, j’ai été à l’arrêt 24h, j’ai dû inspecter le bateau et j’ai pu reprendre la route mais, avec ce choc, il y a clairement eu un avant et un après. A partir de là mes objectifs ont été revus à la baisse alors qu’au départ j’espérais le courir en 90 jours environ et challenger les bateaux de Benjamin Ferré et Tanguy Le Turquais. Mais l’arrivée avec les spectateurs était magnifique, j’en ai pleinement profité car en 2021 on était en période Covid. Les partenaires étaient ravis et comme je suis un compétiteur dans l’âme j’étais heureux d’aller au bout. 

Comment avez-vous géré psychologiquement ce moment où vous subissez ce choc ? 

C’était très dur. Moralement, il faut se réhabituer à la vitesse du bateau, à prendre des risques, ne pas avoir peur de taper de nouveau un objet non identifié. Il faut aussi faire le deuil de ses ambitions, Une fois que j’ai tapé c’était fini. On voit aussi les copains partir, prendre beaucoup d’avance, c’est dur. En plus j’ai eu aussi une météo compliquée. Après le Cap Horn, dans la remontée de l’Atlantique, je n’ai eu que du mauvais temps. Mais je ressens une certaine fierté d’avoir réussi à gérer tous ces problèmes. 

Quel est votre meilleur souvenir de la course ?

Sans discussion le passage du Cap Horn. En 2021, je ne l’avais pas vu. Là, il était magnifique au soleil couchant. Je me suis dit que j’étais très chanceux de vivre ça. 

Comme on dit « jamais deux sans trois. Etes-vous prêt pour une troisième participation dans quatre ans ? 

Oui j’ai envie de le faire et mes partenaires sont aussi partants. Malgré mon résultat en demi-teinte, ils étaient très satisfaits car les retombées ont été excellentes. Il faut discuter des conditions dans lesquelles on repartirait, mais j’aimerais avoir la possibilité d’avoir un bateau pour concurrencer Benjamin Ferré (16ème cette année) et Tanguy Le Turquais (17ème cette année).

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