Championne du monde de judo en 2009, Morgane Ribout a été une des précurseuses en passant des tatamis aux cages de MMA. Aujourd’hui, celle qui est désormais en dehors de la discipline vente son attractivité, mais alerte sur des sommes astronomiques auxquelles beaucoup de combattantes ne pourront pas prétendre.
Quand avez-vous démarré le judo et comment s’est effectuée la transition vers le MMA ?
J’ai commencé le judo à l’âge de 4 ans et demi, je suis ensuite passée par tous les cursus, sport études, pôle espoir, pôle France et Insep. Ensuite, j’ai fait cela pendant plusieurs années et j’ai ensuite bifurquée vers le MMA. J’ai fait ce choix car quand j’ai obtenu mon titre de championne du monde de judo (2009, Ndlr), j’avais du mal à retrouver cette envie et je regardais de loin le MMA depuis un moment déjà. A ce moment-là, comme je gagnais encore pas mal d’argent avec le judo, c’était difficile de tout arrêter après ce titre.
En dehors de ce manque de motivation, y a-t-il d’autres raisons qui vous ont poussé à prendre cette décision ?
Je prends souvent l’image d’un peintre qui a 5 couleurs pour peindre et à qui on donne d’un seul coup 10 couleurs de plus. Ce qui m’a plu dans le MMA, c’est de pouvoir allier mes compétences de judokate, mais aussi d’apprendre de nouvelles choses, d’élargir mes connaissances.
À LIRE AUSSI : le mag spécial sur nos champions olympiques
Morgane Ribout cash sur le système financier du MMA
Selon vous, qu’est-ce qui différencie les deux disciplines, et à l’inverse, qu’est-ce qui pourrait les relier ?
Ce qui différencie les deux disciplines, c’est l’état d’esprit malheureusement. Dans le MMA, il y a des athlètes qui viennent du judo, de la boxe thaï et d’autres disciplines encore, mais je pense que l’état d’esprit n’est pas le même. Dans le MMA, il y a beaucoup de trash-talking, on essaye d’intimider son adversaire avant le combat, cela n’existe pas dans le judo. Ce qui relie les deux disciplines, c’est le fait que le MMA reste un art martial, le combat en lui-même est beau et malgré ce côté trash-talking, on peut créer des amitiés.
Pour expliquer le fonctionnement du MMA, pour quelle organisation combattez-vous ?
De mon côté, j’ai fait six combats pros en MMA, j’étais rémunérée au combat par l’organisation en question. Mes deux premiers combats, je les ai faits au Liban, il me semble que l’organisation était CFC (Cedar Fighting Championship, Ndlr). J’en ai également fait deux autres en Suisse, un en Norvège et un au Canada et c’était à chaque fois avec des organisations différentes, mais j’ai un peu oublié les noms (rires).
La différence, c’est qu’au MMA, c’est nous qui devons rémunérer nos coachs et tous les à-côtés. Ce sont des fonctionnements complètement différents entre un sport amateur et un sport professionnel. Parallèlement, je suis restée trois ans au Canada car ce n’était pas légal en France et je devais travailler à côté. C’est vrai qu’on s’imagine gagner des millions en MMA, mais pas du tout. Avant de gagner des millions, il faut avoir quelque chose à côté sinon la situation peut être compliquée.
« La notoriété était là bien avant que le MMA soit légal en France »
Selon vous, comment expliquer la notoriété très rapide qu’a eu le MMA ?
Je pense que la notoriété était là bien avant que le MMA soit légal en France. Il y avait une attente. Ça faisait des années que j’entendais des personnes qui s’entraînaient en MMA, d’une manière qui n’était pas légale, certes, mais elles s’entraînaient déjà sur le territoire français. D’ailleurs, avant que ce soit légal, il y avait déjà des clubs qui proposaient des cours de MMA. Je pense que les gens avaient besoin de spectacle, de show. Ça permet de travailler une multitude de sports au lieu de se brider à un seul.
Aujourd’hui, peut-être que les jeunes ne veulent plus faire que du judo ou de la boxe, ils veulent tout mélanger, c’est attrayant, moi c’est ce qui m’a attiré. Et puis pour les combattants, l’appât du gain doit jouer aussi. Si on prend mon cas, je n’étais pas à plaindre, à l’époque, après mon titre de championne du monde, je gagnais environ 10 000 euros par mois mais bon, quand on voit les champions de MMA qui gagnent x millions, ça doit attirer pas mal de personnes.
Propos recueillis par Jules Lefebvre