vendredi 26 avril 2024

Barnabé Couilloud (BO) : « Je préfère être en concurrence avec mon frère »

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Héroïque dans le match fou de barrage d’accession du BO contre le grand rival Bayonne (6-6, 6 tab 5), le demi de mêlée de 22 ans Barnabé Couilloud et frère de l’international français du LOU, Baptiste (24 ans, 8 sélections), mesure le chemin parcouru, un chemin souvent semé d’embûches…

Avez-vous digéré ce que vous avez accompli avec Biarritz lors de ce match historique d’accession contre Bayonne ?

C’est important de savourer. Ce genre de moment est rare. Il m’arrive encore de revisionner certaines actions du match. J’ai pu revoir aussi les scènes de joie et de communion avec le public, la famille.

A 22 ans, comment avez-vous géré cet avantmatch si décisif ?

Il y avait forcément de la pression. A fortiori sur un derby. Cela rajoutait de la tension avec cette domination régionale en jeu. Mais le fait d’être passé par des phases finales assez longues, personnellement et à l’image du groupe, cela a permis d’appréhender les choses plus facilement. On savait où on allait. J’ai ressenti beaucoup plus la pression sur le match de barrage contre Grenoble (41-14) que celui d’accession contre Bayonne.

Pourtant, vous avez eu un tir au but décisif à frapper. Il ne fallait pas se manquer !

Cela reste un moment particulier, mais une fois qu’on est devant les perches on se dit une seule chose : « Qu’il ne faut pas rater ! ». Je m’entraîne à buter. Ce genre de pénalité, j’en tape 30, j’en mets 29. Sur le moment, j’ai fait abstraction de tout ce qu’il y avait autour. Une séance de tirs au but est une bataille psychologique à remporter. On sait faire. Après, c’est une question de gestion de ses émotions.

Barnabé Couilloud indispensable dans le match d’accession

Votre frère Baptiste, présent en tribunes, a dit qu’il n’avait jamais ressenti autant de pression !

Il a compris à quel point c’est dur d’être dans les tribunes. Sur un match à enjeu, quand tu n’es pas acteur c’est le pire. Encore davantage quand c’est ton frère cadet à la manœuvre. Il n’aurait pas aimé me voir triste si je m’étais manqué. Mais je n’imaginais pas qu’il vivrait la chose à un tel degré.

A quel niveau avez-vous le plus progressé la saison dernière ?

Dans la gestion de mes émotions et d’un match. Elle est bien meilleure. Je sais mieux m’adapter tactiquement en fonction de l’adversaire et des conditions climatiques. J’ai progressé dans mon analyse d’avant match et sur l’exécution sur le terrain.

Lyon, votre club formateur, a-t-il commis une erreur en ne vous faisant pas confiance ?

Je ne sais pas. C’est à eux de le dire (sourire). Mais, en quittant le club, j’ai démontré que j’avais le niveau pour jouer en professionnels. J’espère que cela sera pareil en Top 14. Avec plus de temps, plus de moyens mis à ma disposition, si on avait davantage cru en moi, j’aurais pu réaliser de meilleures choses avec le LOU. L’histoire n’a pas été écrite ainsi. Elle ne devait pas l’être…

Vous imposer un jour à Lyon est-ce toujours un objectif ?

Je suis Lyonnais. Toute ma famille est de Lyon. J’ai grandi à Lyon. J’ai commencé le rugby à Gerland à 6 ans. Forcément, en grandissant, on a envie de faire comme ses aînés. Cela a toujours été un rêve de gosse de jouer à Gerland. Si j’avais pu le faire avec Lyon, cela aurait été la plus belle histoire. Je ne vais pas me plaindre. Car aujourd’hui beaucoup aimeraient être où je suis actuellement.

« Si on avait davantage cru en moi, j’aurais pu réaliser de meilleures choses avec le LOU »

Sauf qu’évoluant au même poste que votre frère, Baptiste, cela empêche forcément que vous portiez les mêmes couleurs…

Oui et non. Je préfère être en concurrence avec mon frère que quelqu’un d’autre. Car si je ne joue pas je serai au moins content pour lui. Avec mon frère, on a un statut différent. Lui est international. Sur une saison, les internationaux sont souvent absents.

Quand un joueur international part, cela laisse quand même une place à un autre dans un club. Être en concurrence avec un international, ce n’est donc pas si mal. On apprend aussi plus rapidement au contact d’un joueur de haut niveau.

Pourquoi votre frère a-t-il mis moins de temps que vous à rentrer dans le monde professionnel ?

On a plus cru en lui qu’en moi. Il avait des qualités physiques et athlétiques supérieures aux miennes. Dans les catégories jeunes, ce genre de critère saute plus aux yeux que le sens tactique. Il a vite été repéré. Comme c’est un joueur de grande qualité, il a su tirer son épingle du jeu lors des sélections et des rassemblements.

Il a aussi été accompagné au maximum. Le fait qu’on compte sur lui l’a surtout aidé à rentrer dans le monde professionnel. Je n’ai pas eu le droit à tout cela. Je ne suis pas rentré dans un centre de formation, ni connu de sélections de jeunes. Le fait de partir dans un club comme Biarritz, qui misait sur moi et croyait en moi, m’a donné du temps de jeu et m’a permis de m’imposer.

Barnabé Couilloud veut faire une belle saison avec le BO

Pensez-vous un jour porter le maillot de l’équipe de France comme votre frère ?

Pas du tout. Dans le rugby, cela va certes très vite dans un sens comme dans l’autre, mais je ne me projette pas. Il y a de super demis de mêlée en France. Faire une belle saison avec Biarritz serait déjà très beau. Cela a été tellement dur dans ma vie pour arriver où je suis, que je ne vois pas si loin. Je veux faire déjà de bonnes performances pour aider mon club en Top 14 et m’y imposer de plus en plus.

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