samedi 27 avril 2024

Céline Ferrer : « Il y a un manque de considération pour le rugby féminin »

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A 29 ans, Céline Ferrer fait partie de la vingtaine de joueuses semi-professionnelles sous contrat avec la FFR. La 3ème ligne du Stade Toulousain rêve de gagner son premier titre de championne de France.

Vous êtes en course pour remporter votre premier titre de championne de France avec Toulouse. Comment vous sentez-vous dans ce sprint final ?

Je souhaite réellement que l’on remporte le titre. On a eu peur avec la Covid-19 que la compétition soit annulée. Maintenant, on sait que ça va aller au bout, on prend les matches un par un. On espère soulever le trophée que Toulouse attend depuis si longtemps (l’ancien club »Toulouse Fémina Sports »avait gagné le dernier de ses neuf titres en 1984, Ndlr). Ce serait une grosse émotion pour moi. Je veux faire partie de cette aventure pour soulever le Bouclier. C’est l’objectif de toutes les joueuses qui évoluent dans le Top 16.

Vous faites partie de la vingtaine de joueuses sous contrat avec la Fédération. Qu’est-ce qui a changé depuis novembre 2018 ?

Depuis, les contrats n’ont cessé d’évoluer. Au début, on était sur du 50%. Puis, j’ai dû quitter mon emploi de vendeuse dans une PME à Bayonne pour me consacrer pleinement au rugby quand nous sommes passées sur 75%. J’étais sur un travail à mi-temps avec du rugby à côté, alors que maintenant, je suis pleinement concentrée sur le rugby. C’est cool de pouvoir vivre de sa passion.

« La Ligue Nationale avait pour projet que chaque club du Top 14 ait une section féminine. Mais l’idée a disparu… »

Pourquoi le rugby féminin a pris autant de retard sur le football, le basket ou encore le handball ?

Très franchement, je ne sais pas. Des personnes se battent à la Fédération. Petit pas par petit pas, on arrive à faire les choses. Des joueuses ont connu le rugby féminin plus tôt que moi et ont vécu des conditions étonnantes (rires). On est encore très loin d’être sur un pied d’égalité avec les hommes, mais on est contentes de la chance qu’on a, d’autres nations n’ont pas cette chance.

Est-ce aux clubs masculins d’agir pour aider à la professionnalisation des joueuses ?

Un temps, la Ligue Nationale avait pour projet que chaque club du Top 14 ait une section féminine. Mais l’idée a disparu… C’est dommage car ça obligerait certains clubs masculins à ouvrir les portes aux femmes. C’était une bonne idée, on a vu que Lons s’est rattaché à Pau par exemple.

Céline Ferrer pense à la Coupe du Monde 2022

Les féminines sont-elles victimes d’un manque de considération de la part du rugby masculin ? J

e ne veux pas rentrer dans du féminisme. Mais, peut-être, qu’au fond, oui. On commence à avoir des droits TV avec le XV de France. Mais on manque de visibilité avec les clubs. C’est possible aussi qu’il n’y ait pas assez de budget pour le rugby féminin. Il y a plein de choses à améliorer, mais il faut avant tout développer les structures pour avoir de bonnes conditions.

Vous êtes passée par Bayonne et donc désormais Toulouse. Quels sont les liens entre les sections masculines et féminines ?

A Bayonne, il n’y avait aucun lien avec la section masculine puisque le club était une association à part de l’Aviron Bayonnais. Mais, à la fin de mon expérience, on avait accès à une salle de musculation des espoirs. A Toulouse, c’est différent puisqu’on est une association du club, et non une équipe professionnelle. On est plus proches de la section masculine, on a d’ailleurs tendance à la croiser, mais avec la Covid-19, c’est plus rare.

Le rugby féminin peut-il être pro à court terme ?

Je pense qu’on y tend. Quand je vois ma situation, j’ai un contrat à 75% même si j’ai un projet à côté (celui de devenir préparatrice physique). Je vis de ma passion et ça devrait être généralisé. Ça me semblerait loin d’être fou de professionnaliser totalement le rugby féminin.

La Coupe du Monde a été repoussée à 2022 en raison du contexte sanitaire. Comment avez-vous vécu cette décision ?

On aurait dû jouer dans six mois, c’est compliqué d’apprendre ça maintenant. Ça nous laisse un an de plus pour nous préparer. Il faut réorganiser les plannings et trouver des solutions. On voulait être championnes du monde en 2021 (pour la première fois de leur histoire, Ndlr), mais l’objectif ne change pas pour 2022.

Oscar Bertrand

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