vendredi 26 avril 2024

Jérôme Gallion : « Dupont et Ntamack sont bluffants de maturité »

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Demi de mêlée emblématique de Toulon dans les années 70-80, Jérôme Gallion a également porté le maillot bleu à 27 reprises, succédant au grand Jacques Fouroux. Il nous apporte son éclairage sur la charnière de l’équipe de France. 

Qu’est-ce qui vous impressionne le plus dans le rugby d’aujourd’hui par rapport à votre époque ?

La condition physique des joueurs. L’évolution du rugby est énorme. Maintenant, ce sont des professionnels. A notre époque, on était amateurs, j’exerçais déjà mon métier de dentiste. Le jeu s’est transformé, on le voit dans les passes, le jeu au pied. Ce sont de vrais athlètes maintenant et les arrières sont aussi costauds que les avants. 

Quel regard portez-vous sur la charnière Dupont-Ntamack ? 

Ils sont bluffants de maturité alors qu’ils n’ont que 24 et 21 ans. On voit qu’ils maîtrisent le jeu. Aujourd’hui, les joueurs sont polyvalents dès les catégories de jeunes, c’est le cas d’Antoine et Romain. Ça permet de tester plusieurs formules en fonction des adversaires aussi. Ce sont deux jeunes qui me plaisent beaucoup, ils dynamisent le jeu du Stade Toulousain et des Bleus. 

Comment jugez-vous plus particulièrement votre successeur Antoine Dupont ? 

Lointain successeur alors… J’en ai eu des successeurs, je commence à être vieux (rires). Antoine, je ne le connais pas personnellement, mais déjà quand il était à Castres j’avais dit à Mourad Boudjellal de le faire signer à Toulon, il l’avait appelé, mais Antoine voulait aller à Toulouse. Il est extrêmement précis dans ses passes. Il passe la ligne d’avantage, fait jouer derrière lui et quand il fait ses accélérations pour aller marquer, c’est beau à voir. C’est un patron. 

Comment expliquez-vous que la France soit l’une des rares équipes à avoir du mal à installer une charnière ?

Nous avons un état d’esprit complètement différent par rapport aux Britanniques. Chez eux, il y a une prise de responsabilités. Même aux entraînements ils sont à fond, ils ne s’économisent pas. Le Français se sent rapidement installé. Il faut que les joueurs soient mis en confiance aussi et, pour qu’il le soit, il ne faut pas les enlever à la première contre-performance. 

« Le fait qu’ils jouent ensemble en club est un avantage »

Quelle est pour vous aujourd’hui la meilleure charnière pour l’équipe de France ?

J’aime beaucoup le petit Carbonel aussi. Pour moi, en France, c’est le numéro 10 qui attaque le plus la ligne. Il possède une bonne vision du jeu, il est de plus en plus lucide. Il a plus un gabarit d’ouvreur que Romain Ntamack qui a plus un gabarit costaud, de 12 car, à ce poste, il faut encaisser de sacrés chocs. En 9, je pense que Dupont est incontournable, il est au-dessus. Après, comme je l’ai dit, le fait que Dupont et Ntamack jouent ensemble en club est un avantage, ils se connaissent par cœur. 

Est-ce, pour vous, la meilleure charnière de l’histoire des Bleus ? 

Il faut attendre pour l’affirmer, qu’ils aient plus de matches ensemble. Elle va s’installer et il faudra voir quand la France sera plus dans le dur comment réagit cette charnière justement. Pour l’instant, Dupont et Ntamack ont été excellents, je n’ai qu’un seul regret, la défaite en Ecosse qui les prive du Grand Chelem 2020. Sur ce match-là, ils n’ont pas réussi à s’enlever la pression. Il faut être relâché, insouciant. Sur ce match, ils avaient perdu leur insouciance. Après, pour trouver la meilleure charnière, ce n’est pas simple et subjectif. On a quand même eu de belles charnières, Romeu-Fouroux par exemple. En 1977, ils réussissent le Grand Chelem dans une équipe qui n’a pas encaissé d’essais dans la compétition et qui a disputé la compétition avec les 15 mêmes joueurs. Pour être la meilleure, il faudra que la paire Dupont-Ntamack gagne des titres avec les Bleus. 

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