A l’aube de l’Euro, l’opinion publique ukrainienne est partagée entre un optimisme légitime et une crainte justifiée. Un optimisme car l’Ukraine a terminé 1ère de son groupe de qualifications. Une crainte parce que le report de l’Euro a cassé la dynamique positive des éliminatoires.
Excitation prudente et optimisme. Après deux campagnes très décevantes en 2012 et 2016, on a le sentiment que l’Ukraine est assez forte cette fois pour avoir un tournoi plus réussi. Cependant, il y a aussi le sentiment qu’une partie de l’élan et de la forme de l’excellente campagne de qualifications a été perdue, et que l’équipe a empiré depuis » analyse le journaliste ukrainien Vadim Furmanov.
Le tirage au sort a vu l’Ukraine placée dans le groupe C aux côtés des Pays-Bas, de la Macédoine du Nord et de l’Autriche. Les Pays-Bas sont naturellement favoris même s’ils restent une équipe en reconstruction.
La Macédoine du Nord, bien que néophyte dans une grande compétition, n’est pas à prendre à la légère. L’Autriche semble être l’équipe qui se rapproche le plus de l’Ukraine en termes de niveau et de chances pour aller au tour suivant.
l’Ukraine dans l’ombre des Pays-Bas
« La composition du groupe considérée comme bonne par les journalistes et les supporteurs ukrainiens. Les Pays-Bas sont les favoris nominaux, mais des résultats récents suggèrent également qu’ils semblent vulnérables. Les Néerlandais seront les premiers adversaires de l’Ukraine à Amsterdam, il sera donc important de marquer un point, ou du moins d’avoir une performance positive » insiste Vadim Furmanov.
La Macédoine du Nord a montré récemment qu’elle ne serait pas facile à jouer en battant l’Allemagne. Ce sera leur premier tournoi international et ils seront très motivés, il sera donc important pour l’Ukraine de ne pas les sous-estimer.
L’Autriche a eu une bonne campagne de qualifications avec des joueurs forts, mais c’est une équipe contre laquelle l’Ukraine devrait pouvoir rivaliser. La 2ème place devrait donc se décider sur un duel à distance entre les hommes de Shevchenko et ceux de Franco Foda. Début mai, l’Ukraine occupait la 24ème au classement FIFA. L’Autriche était elle 23ème.
Néanmoins, les résultats récents de l’Ukraine laissent une difficulté pour saisir le niveau réel de l’équipe. L’Ukraine, dans un bon jour, peut poser des problèmes aux grandes nations. A contrario, elle peut passer totalement à côté de son sujet et laisser des points face à des adversaires plus faibles.
Capable du meilleur comme du pire…
« La vision la plus naturelle serait de voir une bataille Ukraine-Autriche pour la 2ème place. Cependant, ces derniers temps, l’Ukraine a semblé à la fois assez forte pour défier les Pays-Bas pour la 1ère place et assez faible pour perdre des points en Macédoine du Nord. C’est extrêmement difficile à prévoir » ajoute celui qui écrit pour le site Futbolgrad.
L’objectif ukrainien, pour son troisième Euro, est donc bien d’atteindre le stade des huitièmes. « Avancer au-delà de la phase de groupes est l’objectif minimal. Une sortie dès les phases de groupes serait perçue comme un échec. Les quarts ou au-delà seraient un énorme succès. »
L’Ukraine peut se targuer d’avoir réalisé des éliminatoires plus que réussis. Dans le groupe B, les coéquipiers de Zinchenko ont terminé 1ers pour valider leur ticket pour l’Euro. Opposée à la Serbie, au Luxembourg, à la Lituanie et au Portugal, l’Ukraine n’a enregistré aucune défaite au compteur à l’issue des éliminatoires.
Les 4 points pris sur 6 possibles face aux champions d’Europe portugais ont même été perçus comme un exploit. Cette dynamique s’explique par le fait que l’Ukraine ait probablement profité de la suffisance de ses adversaires et cela a créé de la confiance au sein du collectif.
Ne manquez-pas Le Guide de l’Euro, en vente ici ou chez votre marchand de journaux
l’Ukraine a réalisé une très belle campagne de qualification
Aussi, peu de joueurs clés ont été absents pour cause de blessure ou méforme. « C’était une campagne de qualifications presque parfaite. 2019 a été l’année des meilleurs résultats de l’histoire de l’Ukraine qui a été excellente défensivement, n’encaissant que 4 buts (dont 2 dans un match après s’être déjà qualifiée) et obtenant des résultats marquants, notamment des victoires 5-1 et 2-1 sur la Serbie et le Portugal respectivement. »
Ces éliminatoires réussis sont aussi le fruit du travail d’Andrei Shevchenko. L’ancien Ballon d’Or, devenu sélectionneur en juillet 2016, a permis à l’Ukraine d’avoir une approche proactive du jeu au-delà des résultats. Son passé de grand joueur lui permet aussi d’avoir une crédibilité dans une équipe qui se cherche encore une identité et cela a sans doute joué dans le choix des dirigeants de lui attribuer le poste.
Shevchenko, l’atout ukrainien
« Il a eu beaucoup de succès en tant qu’entraîneur. Il a obtenu de bons résultats (la Ligue des Nations 2018/2019, qualification pour l’Euro 2020) et a également changé tactiquement le style de l’Ukraine, passant de la contre-attaque à une approche plus moderne basée sur la possession. Shevchenko a obtenu ce poste en grande partie grâce à sa carrière de joueur. Ce qui a suscité beaucoup de scepticisme à l’origine, mais les gens ont généralement été satisfaits de son travail » souligne Vadim Furmanov.
Tactiquement, l’Ukraine d’Andrei Shevchenko s’articule principalement en 4-3-3, le système le plus utilisé pendant les éliminatoires. Même si les Jovto-Blakytni (Bleu et Jaune), en 2020, se sont essayés à un système à trois défenseurs et un 4-2-2-2 au dépit des formes, des suspensions et des blessures. Le capitaine Oleksandr Zinchenko sera le fer de lance de cette équipe.
Capitaine à seulement 24 ans et accompagnés par Andrey Yarmolenko et Taras Stepanenko qui sont aussi des leaders avec de l’expérience. L’Ukraine a des arguments pour atteindre la 2ème place. L’objectif affiché est bien de faire mieux que les deux précédents Euros où elle n’avait pas pu dépasser les phases de groupes. Avec un sélectionneur charismatique à sa tête, elle espère trouver une régularité pour réduire au mieux la fluctuation de forme qui rend cette équipe difficile à cerner.
Anthony Rabemanisa