vendredi 26 avril 2024

Oui la vente de l’OM se trame en coulisses, les raisons d’y croire…

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Depuis plusieurs semaines, alors que la guerre fait rage entre les supporters et le président Eyraud, les rumeurs de vente de l’OM ne cessent d’enfler. La piste saoudienne étant notamment évoquée avec insistance (bien que démentie). Franck McCourt, le propriétaire du club depuis quatre ans refuse de céder et maintient sa confiance en Eyrault. Un jeu de Ping-Pong qui amène l’OM à se poser les bonnes questions.

Tout se passe évidemment en coulisse, loin des caméras et des micros, souvent en visio-conférence en raison de la pandémie. Mais il ne semble plus faire de doute sur la volonté de Frank McCourt de vendre l’OM. Quatre ans et demi après son arrivée à la tête du club, l’homme d’affaires américain a pu toucher du doigt une réalité qu’il ne soupçonnait pas vraiment à sa juste valeur : celle d’un football français, certes plus accessible financièrement que la Premier League, la Liga ou la Serie A, mais terriblement fragile sur ses bases.

Aux antipodes de la culture US, où les supporters n’ont jamais vraiment existé en tant que tels, toujours supplantés par des consommateurs, le foot tel qu’il est vécu à Marseille ne correspond pas à sa conception du business tel qu’il voulait le développer.

Après avoir dépensé plus de 250 M€, effectué en urgence une augmentation de capital en octobre de 132 M€, pour faire face à la crise, et constaté qu’il n’avait pas avancé d’un pouce dans sa stratégie. Avec un déficit estimé de 150 M€ à la fin de l’année, après avoir refusé plusieurs offres de rachat. Franck McCourt aurait bel et bien décidé de les étudier toutes désormais, en tout cas les plus crédibles.

Plus que le projet mort-né de Mourad Boudjelall et Mohamed Ayachi Ajroudi, ou celui d’un investisseur d’Azerbaïdjan, Nasib Piriyev, Al-Walid ben Talal, riche homme d’affaires saoudien, proche de la famille royale, qui a effectué une première approche au printemps dernier, et qui était déjà dans le tour de table effectué au moment de la vente par RLD, correspondrait au profil recherché. Le Portugais Luis Campos, qui a fait des merveilles à Monaco et Lille, serait lui aussi dans le deal pour former un duo avec Pablo Longoria à la cellule de recrutement.

Vente de l’OM, arrivée de Campos et de Galtier, le grand flou…

Sans être au coeur du réacteur, la petite phrase de Bernard Tapie lâchée au hasard d’une interview en janvier avait fait son effet sur la place marseillaise :  « C’est vrai qu’en ce moment avec l’OM on a un peu de difficultés à suivre… mais j’ai un petit son qui me dit que ça va bientôt changer ! »  

Deux fonds d’investissement originaires du Moyen-Orient sont en effet en négociation, le second attendant la fin des discussions du premier pour entrer en action et éventuellement surenchérir. Le bruit courrait même que McCourt aurait appelé directement le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi, pour lui demander conseil… il y a déjà plus d’un an. C’est dire que pour le propriétaire de l’OM, qui n’avait plus mis les pieds à Marseille depuis très longtemps, trop longtemps pour considérer qu’il croyait encore en son projet, l’affaire a assez duré.

Le problème n’est plus de savoir s’il veut vendre, mais bien à combien il est prêt à lâcher le club. Ses premières estimations, proches de 600 M€, semblaient utopiques, mais de bonne guerre pour entamer des discussions et envisager une vente.

Le calcul de McCourt est simple : avec un capital qui est désormais de 248 M€, auquel il ajoute les 250 M€ dépensés depuis son arrivée, et les actifs représentés par La Commanderie et l’effectif, il tombe à 600 M€.

Pour calculer combien vaut vraiment l’OM, en l’absence de valorisation boursière et d’actifs immobiliers importants (le Vélodrome appartient toujours à la ville qui souhaite s’en séparer), les acteurs du marché s’appuient souvent sur l’Observatoire du Sport Business qui souligne les chiffres d’affaires, y inclue les résultats du club sur les cinq dernières saisons, le montant des droits TV, la valeur de l’effectif, sa dimension populaire, etc.

L’OM a des prétendants mais sa compétitivité pose question

Ainsi calculée, en août 2020, avant le fiasco Médiapro, la valeur de l’OM était estimée à 232 M€ (3ème club français derrière le PSG, 1,838 milliard, et l’OL à 525 M€). On est évidemment loin des 45 M€ qu’il a dépensés pour succéder à Margarita Louis-Dreyfus en 2016… A cette époque, c’est la banque Rothschild qui avait été discrètement mandatée fin 2015, un an avant la vente effective, avec un prix de départ de 100 M€.

Le processus ne fait donc que (re)commencer et l’issue ne semble pas faire de doute.  » L’OM peut intéresser trois profils de repreneurs, ana-lyse Lionel Maltese, maître de conférence à l’université Aix-Marseille et consultant sport business Management & Marketing. Un mécène, comme pouvait l’être Robert Louis-Dreyfus, un investisseur opportuniste comme peut l’être Frank McCourt, ou un plus stratégique comme l’est le Qatar au PSG. »  

En 2016, avant de s’orienter vers le LOSC, Gérard Lopez avait été le premier à s’intéresser de très près à l’OM. L’homme d’affaires franco-luxembourgeois avait jugé le dossier trop complexe. Surtout, il souhaitait avoir la totalité du capital quand Margarita voulait en conserver 5% pour son fils… qui restent encore en possession de Kyril, par ailleurs nouveau propriétaire du club anglais de Sunderland.

Obligé de vendre ses participations au LOSC pour pouvoir combler le déficit du club nordiste, Lopez n’est plus un acheteur potentiel. Au contraire donc du prince AlWalid ben Talal Al Saoud, toujours là à guetter la bonne opportunité de transformer le Classico en rivalité entre l’Arabie Saoudite et le Qatar.

La vente de l’OM dépend de la situation du Stade Vélodrome

De toutes façons, rien ne se fera tant que le flou artistique règne autour de l’attribution des droits TV jusqu’en 2025, tant que plane autour du monde la menace de la Covid-19… tant que le stade Vélodrome n’est pas officiellement en vente. Ce qui ne saurait tarder si l’on en croit les déclarations du nouveau premier magistrat de la ville.

Alors que son prédécesseur, Jean-Claude Gaudin, s’était toujours refusé à se délester de ce qu’il considérait faire partie du patrimoine de la ville, Benoît Payan, le remplaçant de Michèle Rubirola, a clairement affiché ses intentions :  « Je veux le vendre parce que c’est une gabegie financière. Je l’ai dit quand j’étais dans l’opposition et je le ferai si je trouve un acheteur. Et je me débrouillerai dans les mois et les années qui viennent pour trouver un acheteur. Le stade, c’est plus possible, niet, terminé : 15 M€ de la poche des Marseillaises et des Marseillais pendant trente ans, c’est terminé ! ».

En attendant, et depuis le 1er janvier 2019, contre un loyer annuel compris entre 5 et 9 M€ en fonction des recettes liées à son exploitation, c’est l’OM qui jouit de la gestion commerciale de l’enceinte mythique du boulevard Michelet toujours dépendante du contrat PPP (partenariat public-privé) avec Arema jusqu’en 2045.

Le PPP, un cailloux dans la chaussure de McCourt ?

Or, ce statut bâtard ne satisfait personne, semble léser tout le monde et n’a pas vocation à aller au bout de son bail. Sur un forum du site de l’observatoire du Sport-Business, l’économiste Vincent Chaudel n’hésite pas à considérer le Vélodrome comme la clé de voûte de l’avenir de l’OM :  « C’est un véritable actif qui augmenterait énormément la valeur du club, un argument important dans une éventuelle vente pour attirer de nouveaux investisseurs. Un OM qui serait propriétaire de son stade vaudrait beaucoup d’argent. »  

De quoi peut-être permettre à Frank McCourt de valoriser sa vente dans des proportions plus acceptables. A condition, bien sûr, d’acquérir avant un stade proche de la privatisation à l’instar d’un club une nouvelle fois sur le marché.

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