vendredi 21 mars 2025

Parcours, difficultés, favoris… On vous dit tout sur le Tour de France féminin 2024

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

Au départ de Rotterdam, la troisième édition du Tour de France femmes se jouera dans les Alpes quand elle s’était jouée dans les Pyrénées l’an passé. Des Pays-Bas à l’Alpe d’Huez, le sommet fétiche des Oranje, sans Van Vleuten, ni Kopecky, le doublé tend les bras à Vollering.

« Aller chercher les Pays-Bas n’est pas un hasard, ça nous assure un succès populaire dans un pays qui compte plus de vélos que d’habitants. On sait qu’on sera bien reçu. » Effectivement, en choisissant un grand départ de Rotterdam, Marion Rousse et les organisateurs de la 3ème édition du Tour de France femmes wift n’ont pas pris trop de risques, à l’instar du Tour masculin qui a traversé les plats pays il y a deux ans dans un engouement parfois indescriptible.

Alors que l’épreuve féminine maintes fois réinventée cherche à se stabiliser, à trouver son identité propre, une dimension qui la rendrait incontournable, il semble judicieux de l’ouvrir aux quatre vents et d’en faire, aussi, une affaire de coeur. Celui qui a longtemps battu aux Pays-Bas pour les deux dernières lauréates Van Vleuten hier, Vollering aujourd’hui, sans oublier Wiebes, qui a trois étapes du Tour à son palmarès (2 en 2022 et 1 en 2013) et Vos, qui en a gagné 2 en 2022, ou Markus. Mais les Oranje ne seront pas les seules à chercher leur moment de gloire entre le 12 et 18 août prochain.

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Un parcours très ouvert pour les coureuses

« Le parcours a été conçu pour permettre à tous les profils de s’exprimer et de briller, précise Marion Rousse, les sprinteuses, les rouleuses comme les baroudeuses avec une vraie étape de classique à Liège ou les grimpeuses avec les deux dernières étapes dans les Alpes et la fameuse dernière vers l’Alpe d’Huez avec 3900 mètres de dénivelé positif. C’est du jamais vu sur le Tour de France Femmes. Le final est en apothéose, pour avoir du grand spectacle jusqu’à la fin. »

Sans deux des principales animatrices des deux premières éditions, l’issue pourrait être plus indécise si la formation néerlandaise, SD Worx, ne pose pas sa patte sur le peloton. Une fois en France, le succès populaire pourrait aussi dépendre des performances des Françaises, dans le sillage d’Evita Muzic et de Juliette Labous, laquelle appelait de ses vœux un Tour sur quinze jours, une perspective déjà envisagée par ASO.

« Depuis la première édition, on a envie d’en faire plus, confirme la directrice de l’épreuve. Il faut y aller doucement et se servir des leçons du passé, ne pas reproduire les mêmes erreurs. Solidifions d’abord l’épreuve sur une semaine, rendons la pérenne, et alors peut-être aurons nous les moyens de faire plus. »

Marion Rousse : « Le cyclisme féminin a beaucoup évolué depuis la première édition. Il y a eu un avant et un après »

Dans ce registre, la liste des partenaires et des fournisseurs officiels s’est enrichie de quelques éléments aux côtés des principaux que sont LCL, Leclerc, Liv, FDJ et Skoda sans lesquels il ne serait pas possible d’offrir un total de 250 000 euros de dotations aux équipes et aux coureuses, 50 000 euros à la vainqueure du classement général. On est encore loin des 500 000 euros offerts au vainqueur du Tour masculin.

Mais « le cyclisme féminin a beaucoup évolué depuis la première édition, se félicite l’ancienne championne et consultante France TV. Il y a eu un avant et un après. C’est incontestable. Aujourd’hui, les équipes ont besoin de médiatisation, et le Tour de France femmes permet d’inviter des équipes qui n’ont pas forcément par ailleurs une grande exposition. L’important est d’attirer des investisseurs. »

Les favorites au crible…

La championne du monde en titre, Lotte Kopecky, ne sera pas à Rotterdam, préférant se réserver pour les JO de Paris et l’épreuve de l’omnium sur piste qui se déroule le 11, la veille du départ. L’absence de la cycliste belge de SD Worx, 2ème l’an passé à Pau, vainqueure d’une étape et du maillot vert après avoir porté le jaune pendant six jours, ouvre forcément de nouvelles perspectives.

S’il sera difficile de déloger Demi Vollering (SR Worx), vainqueur de la Vuelta en mai, il faudra compter sur la grimpeuse polonaise Kataryna Niewiadoma (Canyon//SRAM Racing), 3ème en 2022 et 2023, vainqueur de la Flèche Wallonne en avril et qui a manqué pour 8 secondes le Tour de Valence au profit de la Suissesse Marlen Reusser (SD Worx) impeccable dans un profil tout terrain qui peut lui permettre de faire quelques coups au même titre que la Batave Riejanne Markus (Visma Lease a Bike), 2ème de la dernière Vuelta.

Lotte Kopecky la grande absente

Si elle a retrouvé l’intégralité de ses moyens, il faudra aussi compter avec Elisa Longo Borghini (Lidl Trek) et sa coéquipière Gaia Realini, très à l’aise en montagne, à condition de ne pas lâcher trop de minutes dans les étapes de plaine. Les deux Françaises qui montent, Juliette Labous (DSM Firmenich PostNL) et Evita Muzic (FDJ Suez), ne sont plus très loin des meilleures et peuvent accrocher un podium.

A condition de pouvoir sortir de l’ombre de leurs deux leaders, Marta Cavalli et Cecilie Uttrup-Ludwig, Muzic a le potentiel pour exister sur tous les terrains. 5ème de la Vuelta après avoir gagné une étape, elle semble, à 24 ans, avoir passé un cap. A 25 ans, 4ème de cette même Vuelta, Labous a déjà l’expérience d’une 2ème place sur le Giro 2023 et elle reste sur une 4ème et une 5ème place sur les deux derniers Tours. De quoi légitimement espérer accrocher un premier podium. Ce qui aurait certainement été le cas l’an passé si elle n’avait pas manqué la 1ère étape autour de Clermont…

Le parcours de l’édition 2024 du Tour de France féminin

1ère étape, lundi 12 août – Rotterdam à La Haye – 124 km

Le premier départ à l’étranger du Tour de France femmes, aux Pays-Bas, est une manière de rendre hommage au dynamisme du cyclisme féminine néerlandais, de surfer sur la popularité et la dynamique de Demi Vollering et Annemiek Van Vleuten, les tenantes du titre. L’arrivée à La Haye devrait être l’occasion d’un premier sprint massif… à moins que le peloton se fasse surprendre sur les 124 km sans aucune difficulté.

2ème étape, mardi 13 août – Dordrecht à Rotterdam – 67 km

Deux demi-étapes dans la même journée, les hommes avaient adopté le principe dans les années 90 avant de s’en détourner depuis, les femmes l’ont repris à leur compte cette année pour un premier tronçon de 67 km qui devrait permettre aux sprinteuses de se régaler.

3ème étape, mardi 13 août – Rotterdam à Rotterdam, c-l-m individuel 6,3 km

Pour clore ce grand départ sur Rotterdam, le seul chrono de cette édition semble réservé aux spécialistes des efforts courts. Trois fois moins long que le chrono de Pau l’année dernière, qui avait été remporté par Reusser (SD Worx) pour l’ultime étape, cet effort solitaire ne suscitera pas de gros écarts, mais permettra de visiter la cité portuaire de la province de Hollande-Méridionale en roulant notamment sur le célèbre pont Erasme.

4ème étape, mercredi 14 août – Valkenburg à Liège – 122 km

Cette troisième journée offre un profil de classique, entre les Pays-Bas et la Belgique, en empruntant certaines routes de l’Amstel Gold

Race puis de Liège-Bastogne-Liège. Si le mythique Cauberg, en début d’étape, ne sera pas décisif, il n’en sera pas de même pour les côtes de la Redoute (1,6 km à 9,4%), des Forges (1,3 km à 7,8%) et de la Roche aux Faucons (1,3 km à 11%) où les pourcentages créeront forcément de grosses cassures à quelques kilomètres de l’arrivée.

5ème étape, jeudi 15 août – Bastogne à Amnéville – 150 km

Au départ de Bastogne, où part aussi la course féminine de Liège-Bastogne-Liège, l’étape propose 2000 mètres de dénivelé positif, de quoi faire des différences, surtout dans la partie finale, et un dernier kilomètre qui promet une sévère explication, la pente allant jusqu’à 6%.

6ème étape, vendredi 16 août – Remiremont à Morteau – 160 km

Avant d’aborder les choses sérieuses, dans les Alpes, l’étape est idéale pour les puncheuses à l’aise quand la pente s’élève un peu, à l’instar d’un Thibaut Pinot qui sera peut-être au bord d’une route qui passe par son fief, Mélisey. Deux difficultés sont répertoriées dans les trente derniers kilomètres ; la Roche du Prêtre (5,5 km à 5,6%) et la côte des Fins (1,8 km à 6,9 %), assez pour faire exploser un peloton qui aura depuis longtemps puisé dans ses réserves.

7ème étape, samedi 17 août – Champagnole à Le Grand Bornand – 167 km

Cette étape montagnes russes, la plus longue de cette édition, ouvre la porte des Alpes avec cinq difficultés dont la montée vers le Grand Bornand, premier rendez-vous en haute montagne qui a de grandes chances de faire bouger la hiérarchie à un jour de l’arrivée.

8ème étape, dimanche 18 août – Le Grand Bornand à Alpe d’Huez – 150 km

L’ascension aux 21 virages vers l’Alpe d’Huez (13,8 km à 8,1%) révèlera à coup sûr la gagnante du Tour 2024. On ne voit pas comment il pourrait en être autrement à l’issue d’une étape avec 3900 mètres de dénivelé positif qui passera aussi par le col du Glandon (19,7 km à 7,2%).

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