vendredi 26 avril 2024

Rétro : 1995, la plus belle année de l’histoire du FC Nantes ?

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

Le septième titre des canaris fut aussi le plus abouti, le plus spectaculaire, celui qui a le plus symbolisé ce qu’était le jeu à la nantaise. Entre un record d’invincibilité toujours d’actualité et un style de jeu inégalé, la bande à coco a marqué les esprits à jamais.

Rien, ou pas grand chose ne prédestinait la France du football par son style géRennes… « A domicile, c’était exceptionnel, nait cette génération là à autant marquer son temps.

Quelques semaines avant la reprise face à Lyon à la Beaujoire, une cinquième place avait, certes, validé l’orientation prise par le club vers son centre de formation, mais ni les recrues (Casagrande de Muret, Decroix de Lille et Cauet de Caen), ni les premiers matches ne laissaient penser que cette saison 1994/1995 serait historique.

« Le déclic, on l’a peut-être eu face au PSG à domicile, quand nous marquons ce but dont tout le monde parle encore aujourd’hui, nous dit Loko. On était premiers, mais on était surtout les petits jeunes qui battaient le champion en titre.

A partir de là, on a pris conscience qu’on pouvait aller loin. » Ce vendredi 19 août est pour tous ceux que nous avons interrogés, 23 ans après, un premier tournant dans la montée en puissance inexorable d’une équipe qui allait éblouir la Ligue 1.

« Tous les éléments se sont rapidement combinés pour que ça marche, analyse Christophe Pignol, l’intelligence de jeu, la complémentarité, le talent des individualités au service du collectif, un peu de réussite aussi pour aller arracher quelques matches nuls à l’extérieur, et le génie de Suaudeau pour animer tout ça. »

Tarif maison à la Beaujoire avec le grand Nantes

Si les générations précédentes, à Marcel Saupin, avaient martyrisé, presque traumatisé, quantité de footballeurs français dans les années 70-80 (92 matches sans défaite entre 1976 et 1981), la bande à Coco appliquait à la Beaujoire le tarif maison; 3-0 pour Lens, Lille, Martigues, Saint-Etienne et Strasbourg, 3-1 pour Metz, 3-2 pour Le Havre et Montpellier, 2-0 pour Sochaux et s’enthousiasme Pignol.

Nous y sentions une force incroyable. Dans le tunnel, ou même dans les vestiaires avant le match, on rigolait tout le temps. Tellement qu’on se faisait souvent reprendre de volée par Suaudeau qui nous engueulait : « C’est pas sérieux ! » Mais on était comme habités par la certitude qu’on allait gagner parce qu’on savait qu’on allait toujours finir par marquer des buts. »

Les éliminations précoces en coupes, de la Ligue face à Bastia à domicile (0-1 a.p.), de France face aux amateurs de Saint Leu (en 16èmes de finale, aux tirs au but) ou de l’UEFA face à Leverkusen dans des circonstances exceptionnelles (en quarts de finale, 1-5, 0-0) ne changeront rien à la dynamique d’une équipe qui avait réussi à réinventer le jeu à la nantaise, à le transcender à un niveau jamais atteint encore même par les glorieux anciens, pourtant des références à la Jonelière, les Michel, Baronchelli, Amisse, Halilhodzic…

C’est Coco Suaudeau qui nous le dit alors, aussi provoquant qu’il savait l’être parfois au bord du terrain :

« On nous parle du Barça et de son jeu extraordinaire, et je suis un grand fan, mais j’ai l’impression qu’à Nantes à cette époque là, nous avions trente ans d’avance ! » Arrivés du National tous les deux, Pignol en 1993 (Istres) et Casagrande en 1994 (Muret) ne pouvaient pas tomber au meilleur moment :

« Il m’arrivait parfois de sortir du match tellement ça jouait bien, de regarder la ola du public », reconnait Pignol.

 Suaudeau : « par rapport au barça, nous avions trente ans d’avance ! »

« C’est rare dans une carrière, être spectateur de son propre match. Il y avait une telle facilité dans le jeu que de temps en temps on pouvait se le permettre. »

Pour le jeune gardien qu’était Casagrande, « je me régalais de les voir combiner, de voir les déplacements, les appels de Loko, les remises de Nico (Ouédec), les dribbles de Japhet (N’Doram), les déboulés de Pedros, avec Cauet, Ferri et Makelele aux manettes. C’était magique de vivre ça aussi vite après mon arrivée. Un privilège. »

Comme l’aboutissement collectif d’un long processus qui avait pris sa source en bordure d’Erdre quelques années plus tôt et qui ne serait pas non plus sans conséquence sur l’avenir du club.

« Quand tout marche aussi bien, que certains sont appelés en équipe de France et changent clairement de statut, la grande difficulté pour les coachs est de parvenir à préserver l’intérêt du collectif, analyse Pignol.

Jusqu’au bout, tout le monde a joué le jeu, nous n’étions pas tous des amis proches mais, sur le terrain, on formait un vrai groupe, au delà des ego. A la fin, on sentait quand même que ça tirallait un peu… et qu’on n’allait pas pouvoir continuer tous ensemble. Au grand regret du staff. »

Lorsqu’ils fêtèrent le titre le 27 mai au soir après un utime succès face à Cannes, Karembeu et Loko savaient déjà qu’ils n’accompagneraient pas leurs potes en Ligue des Champions.

Et Suaudeau savait qu’il venait de vivre la saison la plus « bandante » de sa vie. Pour lui comme pour le FC Nantes et pour tous ceux qui participèrent à ce triomphe, plus rien ne serait jamais comme avant.

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