Dans moins de deux mois, le 29 juin, le 111ème Tour de France s’élancera de Florence, en Italie. 10 choses à savoir sur ce Tour qui s’annonce historique à plus d’un titre.
L’ITALIE ACCUEILLE LE DÉPART POUR LA PREMIÈRE FOIS
Le départ, avancé d’une semaine (29 juin) en raison de la proximité des JO, s’effectuera pour la première fois en Italie. Pour le 26ème départ à l’étranger, le troisième consécutif après Copenhague et Bilbao, le Tour fêtera aussi le centenaire de la première victoire d’un Italien, Ottavia Bottechia, et rendra hommage à Gino Bartali, Gastone Nencini, Marco Pantani et Fausto Coppi. D’une première étape à l’autre, un an après celle particulièrement difficile à Bilbao, le dénivelé sera encore plus important entre Florence et Rimini (3600 m), où s’est éteint Pantani, de quoi entrer immédiatement dans le vif du sujet.
L’ARRIVÉE NE S’EFFECTUERA PAS SUR LES CHAMPS-ELYSÉES
Pour la première fois de l’histoire, le Tour n’arrivera pas en région parisienne. Nonobstant la première édition de 1903, conclue à Ville d’Avray, les arrivées s’ef- fectuèrent au Parc des Princes (1904 à 1967), à la Cipale (1968-1974), sur les Champs-Elysées ensuite. Mais la proximité de la cérémonie d’ouverture des JO (le 26 juillet, seulement 5 jours après la fin du Tour) a obligé les organisateurs à se délocaliser vers Nice sur la promenade des Anglais.
LA DERNIÈRE ÉTAPE EST UN CONTRE-LA-MONTRE
Le même scénario fou qui avait conclu le Tour 1989, en faveur de Greg LeMond au détriment de Laurent Fignon pour huit petites secondes (le plus faible écart de l’histoire de la Grande Boucle), est évi- demment espéré. Depuis, aucun Tour ne s’est plus terminé par un contre-la-montre. Des 25 km entre Versailles et Pa- ris en 1989 aux 34 km de Monaco à Nice, le parcours sera complètement différent avec au programme le col de la Turbie (8,1 km à 5,6%) et le col d’Eze (1,6 km à 8,1%) pour, peut-être, une explication finale.
CAVENDISH TENTERA D’ENTRER DANS L’HISTOIRE
En 2023, à 38 ans, ce devait être son 14ème et dernier Tour. Celui qui devait lui permettre peut-être de battre le record du plus grand nombre de victoires d’étapes (34) qu’il partage avec Eddy Merckx. 2ème sur la 7ème étape à Bordeaux, sa chute le lendemain vers Limoges (fracture de la clavicule) l’obligea à abandonner. Et alors qu’il avait prévu de mettre un terme à sa carrière, le Cav a repoussé l’échéance en prolongeant d’une année son contrat chez Astana avec un seul objectif : aller chercher cette 35ème étape lors du Tour 2024.
LA BONNETTE, TOIT DU TOUR À 2802 MÈTRES
C’est dans l’écrin du Parc national du Mercantour que la 19ème étape, entre Embrun et Isola 2000, le vendredi 19 juillet, permettra aux coureurs de monter sur le toit du Tour, en haut du col de la Bonnette, à 2802 m, pour un effort de 23 km à près de 7 %… qui vaudra une prime de 5000 euros à celui qui passera en tête (souvenir Henri Desgrange). Avant, le col de Vars (2109 m, 18,8 km à 5,7 %), après la montée vers Isola 2000 à 2024 m (16 km à 7 %) pour trois ascensions à plus de 2000 mètres qui devraient s’avérer décisives avant la dernière étape de montagne le lendemain vers le col de la Couillole, le dernière difficulté en altitude du Tour (1678 m, 15 km à 7%).
UNE 11ÈME ÉTAPE TRÈS ATTENDUE…
“C’est l’étape coup de folie avec 150 pre- miers kilomètres très sinueux, ça monte, ça descend, c’est usant et puis d’un coup, boum ; une série de murs !” Le patron du Tour Christian Prudhomme est em- ballé par le tracé de la 11ème étape entre Evaux-les-Bains et Le Lioran (211 km), le 10 juillet. Le programme des 50 derniers kilomètres est effectivement copieux avec quatre ascensions : col de Néronne (3,8 km à 9,1%), col du pas de Peyrol (5,4 km à 8,1%), col du Perthus (4,4 km à 7,9%) et col de Font de Cère (3,3 km à 5,8%) pour un total de 17 km avec un pourcentage moyen proche des 8%… qui promet beaucoup car il ne sera pas réservé uniquement aux meilleurs grimpeurs, mais aussi à ceux qui souffrent généralement au-dessus de 2000 mètres…
LA PROXIMITÉ DES JO VA INFLUER SUR LE COACHING
Le calendrier de cet été, avec les JO qui débutent lorsque se termine le Tour, ne devrait pas être sans conséquences, notamment pour la course au maillot vert qui concerne des coureurs susceptibles de viser l’or olympique. Il y a trois ans, pour mieux préparer l’épreuve VTT des JO de Tokyo, on se souvient que Van der Poel avait abandonné dès la 8ème étape. Qu’en sera-t-il cette année pour tous ceux qui n’auraient plus aucune ambition au classement général ou aux classements annexes du Tour ?
UN HOMMAGE SERA RENDU
À POULIDOR AU PLAT D’ADET Après être passé par Saint-Léonard de Noblat l’an passé, la cité d’adoption de Raymond Poulidor qui y est décédé en novembre 2019, un nouvel hommage se- ra rendu au plus populaire des cyclistes français. La 14ème étape entre Pau et Saint-Lary (152 km), qui empruntera le Tourmalet (2115 m, 19 km à 7,4%), la Hourquette d’Ancizan (1564 m, 8,2 km à 5%) et la montée de St-Lary Soulan (1669 m, 10,6 km à 7,9%) sera l’occasion de fê- ter les 50 ans de sa dernière victoire au Plat d’Adet. Le responsable des arrivées du Tour, Stéphane Boury, ayant retrouvé la vraie ligne franchie en 1974, la ville de Saint-Lary y installera non loin une statue grandeur nature de notre Poupou national.
2,3 M€ DE DOTATIONS
D’une année sur l’autre, le montant des primes offertes aux équipes et aux coureurs par l’organisateur, ASO (Amaury Sport Organisation), sera le même. Le vainqueur final touchera 500 000 euros, le 2ème 200 000 et le 3ème 100 000. 25 000 euros sont attribués au vainqueur du classement par points et au meilleur grimpeur, 20 000 pour le meilleur jeune. Chaque vainqueur d’étape reçoit 11 000 euros quand le premier en haut des cols hors catégorie touche 800 euros, des cols 1ère catégorie 650 et 500 euros pour les 2èmes catégories. Gagner le classement par équipe rapporte 50 000 euros, celui de la combativité 20 000. Enfin, une indemnité de participation forfaitaire de 51 243 euros est versée à chacune des 22 équipes pour compensation de leurs frais et un bo- nus de 1700 euros par coureur est attribué à toutes les équipes terminant l’épreuve avec au moins 6 coureurs.
UN FRANÇAIS, 39 ANS APRÈS HINAULT ?
Le dernier succès de Bernard Hinault remontant à 1985, cela fait 39 ans qu’un coureur Français n’a plus gagné le Tour. Il s’agit évidemment de la période la plus longue de l’histoire après les 12 ans de disette (1911-1923) entre Garrigou et Pé- lissier. Après la seconde guerre mondiale, il n’avait jamais fallu attendre plus de huit ans avant d’entendre la Marseillaise, entre Roger Pingeon en 1967 et Bernard Thévenet en 1975. Sans préjuger des ambitions de la nouvelle génération, à l’instar du prometteur Lenny Martinez, la barre des 40 ans devrait être franchie cette année. A moins que Gaudu ne sorte le grand jeu !
Tom Boissy