En quittant AG2R à la surprise générale, Clément Champoussin (25 ans le 29 mai) a rejoint un autre grand espoir du cyclisme français, son cadet Kévin Vauquelin (22 ans). Objectif : propulser Arkéa Samsic dans une autre dimension.
CLÉMENT CHAMPOUSSIN
MONTAGNE : 8/10
C’est lors de la 20ème étape de la Vuelta 2021 qu’il a changé de dimension. En déposant Roglic, Yates et Mas, Clément Champoussin entrait dans le cercle très fermé des Français vainqueurs d’étape de montagne sur un grand Tour. Romain Bardet avait apprécié la performance d’un compatriote « qui a les moyens physiques de réaliser de grandes choses. Il a les capacités pour être le futur grand grimpeur que la France attend. »
VITESSE : 7/10
Coureur complet, puissant et agile, capable de faire de grosses différences en puncheur, ses performances en contre-lamontre sont très encourageantes depuis son premier chrono de niveau international sur la Vuelta 2020 (17ème), jusqu’à sa 13ème place du prologue en 2022 et un bon exercice solitaire sur le dernier Paris-Nice (17ème de la 3ème étape de 32 km). Dans ce domaine plus qu’ailleurs, sa marge de progression semble encore très importante.
PHYSIQUE : 7/10
Suffisamment endurant pour assumer les longues courses à étapes, son mètre quatre-vingt et ses 61 kg (comme Barguil !) ne disent pas grand-chose de ses importantes capacités à enchaîner les efforts. « J’ai une grosse faculté de récupération donc les épreuves à étapes me correspondent bien ». Formé au VTT, il s’entraîne encore régulièrement en sousbois pour perfectionner sa technique de descente et faire du cardio dans les montées, son terrain d’expression favori.
MENTAL : 7/10
Son ancien et expérimenté coéquipier d’AG2R Citroën, Lilian Calmejane, le décrit comme « un gamin attachant, très discret et très intelligent qui a de la malice et d’excellentes jambes. » A l’écoute et réceptif, Champoussin a su tirer profit de l’expérience des O’Connor, Van Avermaet, Peters ou Gall et Jungels, pour ne pas hésiter à prendre son destin en main en quittant AG2R Citroën cette année pour Arkéa Samsic.
PALMARÈS : 5/10
Ses trois Vuelta (2020, 2021, 2022) constituent l’épine dorsale d’une carrière pour le moment marquée par une seule victoire (une étape de la Vuelta, la 20ème en 2021) et beaucoup de places d’honneur.
MARGE DE PROGRESSION : 8/10
Freinée par une fracture du radius intervenue l’an passé sur le Tour des Alpes, sa carrière est vouée à redécoller en 2023 dans une équipe qui lui offre un statut plus protégé, des objectifs bien définis dans le sillage de Warren Barguil, et la possibilité de confirmer les belles promesses entrevues en 2021. En spécialiste des courses à étapes, l’Azuréen voulait faire 30 000 km cette saison pour consolider sa résistance et grignoter l’écart qui le sépare encore des meilleurs. Sinon en 2023, où il va devoir se refaire une caisse dans un nouvel environnement, la montée en puissance est plus sagement programmée pour 2024.
TOTAL : 42/60
KÉVIN VAUQUELIN
MONTAGNE : 7/10
Son déclic a peut-être eu lieu lors du Tour d’Oman où il a pris la 2ème place de l’étape reine, au sommet d’une montée à plus de 10% de moyenne. « Personne, pas même moi, ne me pensait capable de faire ça ! » déclarait-il à l’arrivée après une 6ème place au général. En remettant ça lors de la 4ème étape de Paris-Nice, dans les roues de Gaudu et Pogacar, devant Vingegaard, il a définitivement laissé tous ses complexes aux vestiaires.
VITESSE : 8/10
Ses expériences sur piste, en poursuite, sur l’Américaine et la course aux points, comme un des meilleurs spécialistes mondiaux chez les juniors et les espoirs, le placent parmi les plus rapides du peloton. Sans être un sprinteur, Kévin est un rouleur-puncheur capable d’aller vite sur les chronos.
PHYSIQUE : 7/10
69 kg, 1m76, la nouvelle pépite du cyclisme français a quasiment les mêmes mensurations que… Pogacar. Assez léger pour passer les bosses, suffisamment bâti pour rester un rouleur compétitif, ses 22 ans lui laissent en outre l’espoir de continuer à franchir les étapes sachant qu’il est loin d’être arrivé au sommet de ses possibilités physiques en endurance comme en puissance pure.
MENTAL : 8/10
La manière avec laquelle il a déposé Thibaut Pinot, Ben O’Connor et Guillaume Martin au Mont Poupet, pour le final du Tour du Jura ne laisse pas de place au doute, Kévin est fait du bois des champions. Imperméable à la pression, il ne fait aucun complexe : « Je rêvais de m’étalonner avec les meilleurs… et je ne suis peut-être pas si loin que ça ! »
PALMARÈS : 6/10
Le Tour des Alpes-Maritimes et du Var, celui du Jura marquent son entrée dans la cour des grands. L’ancien champion de France juniors, amateurs et espoirs du contre-lamontre a franchi un palier cette année.
MARGE DE PROGRESSION : 9/10
A 22 ans, il est bien difficile de lui fixer des limites tellement son talent lui ouvre de perspectives sur tous les terrains. Rien ne lui semble inaccessible.
TOTAL : 45/60
Verdict
L’un a été formé au VTT, l’autre sur piste, les deux se rejoignent aujourd’hui dans la même ambition de devenir des coureurs complets, avec les mêmes capacités d’exister dans des registres différents. Plus grimpeur, Clément sait pouvoir compter sur Kévin sur des étapes de montagne tellement le spécialiste du chrono a progressé dans ce domaine dans une complémentarité qui n’a évidemment pas échappé à Emmanuel Hubert… le grand gagnant de ce duel qui est peut-être amené à bientôt dominer le cyclisme français. Tom Boissy