vendredi 26 avril 2024

Charly Mottet : « Cette année, Pogacar a des comptes à régler ! »

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

Le 16 décembre, Charly Mottet, l’ancien numéro 1 mondial a fêté ses 60 ans loin d’un milieu du vélo qu’il ne fréquente désormais plus qu’une fois par an, sur le Tour de France, comme pilote et chargé des relations publiques pour Orange. Le temps de cerner un peloton et d’en extraire ses grandes tendances ; les ronds-points, Pogacar, les chronos, Gaudu, Alaphilippe, Voeckler… Entretien pour Cyclisme Magazine et Le Quotidien du Sport.

En arrêtant votre carrière en 1994 après une dernière année chez Novemal-Histor, saviez-vous à quoi ressemblerait votre reconversion ?

Oui, j’ai tout de suite enchaîné, aux côtés de Thierry Cazeneuve, comme directeur adjoint du Critérium du Dauphiné Libéré. Ça a duré 14 ans, je m’occupais du parcours et de la dimension sportive de l’épreuve. J’ai ensuite été assistant de Jean-Marie Leblanc au développement du Tour de France pendant sept ans, ce qui m’a aussi conduit, pendant dix ans, à l’organisation des courses canadiennes du Grand Prix du Québec et de Montréal.

N’avez-vous jamais eu envie de devenir entraîneur ou directeur sportif ?

Je n’ai jamais voulu entraîner. Mes seules expériences furent comme sélectionneur de l’équipe de France pendant deux ans (19971999) et pas plus de quatre jours par an ! Je n’étais tout simplement pas fait pour ça.

Charly Mottet admiratif de la génération Evenepoel

Aujourd’hui, quelles relations avez-vous avec le cyclisme pro ?

Depuis trois ans, je n’interviens plus que sur le Tour de France pour Orange comme pilote des invités. Je commençais à être fatigué. A force d’être jeune… on devient vieux (rires) ! Il faut savoir laisser la place.

Justement, que pensez-vous de la nouvelle génération de cyclistes actuels, les Pogacar, Evenepoel, Van Aert, etc. ?

Voilà une génération très douée et beaucoup plus technique que nous pouvions l’être à notre époque. C’est une nécessité. Avec l’évolution du vélo, des conditions dans lesquelles s’effectuent les courses, avec des routes de meilleure qualité certes, mais parfois aussi très piégeuses, énormément de ronds-points, les difficultés techniques sont supérieures. Cela influe forcément sur le déroulement des épreuves et rend la tâche de plus en plus difficile aux organisateurs. On voit de moins en moins d’arrivées dans le centre des villes, de plus en plus en périphérie.

Aimeriez-vous être pro aujourd’hui ?

J’aimerais beaucoup parce que plus rien n’est laissé au hasard, parce que si les coureurs partent toujours aussi longtemps de chez eux, ils font quand même moins de courses, mais de manière plus ciblée et avec un travail plus pointu. Et surtout parce qu’un jeune qui a du talent a aujourd’hui de grandes chances de faire une carrière, ce qui était loin d’être le cas il y a trente ou quarante ans.

En raison du dopage ?

Je pense qu’on peut dire effectivement que la génération Voeckler, celle qui a suivi la nôtre, immédiatement après Hinault et Fignon, a été sacrifiée.

« Gaudu ne lâche rien, c’est une grande force, et il grimpe aussi bien sinon mieux que pinot. Ce tour peut être le sien »

Avec votre regard d’organisateur, que pensez-vous du prochain parcours du Tour de France ?

Les derniers tracés peaufinés par Christian Prudhomme et son équipe ont été remarquables et ils ont été encore bonifiés par des coureurs qui ont su utiliser toutes leurs possibilités.

Vous le spécialiste des contre-la-montre, comment vivez-vous leur disparition progressive sur le Tour ?

Les chronos ne décident plus des vainqueurs du Tour comme ils pouvaient le faire du temps d’Indurain ou d’Hinault. J’aimais bien ça, parce que j’y étais performant, mais il faut vivre avec son temps et être conscient que ces exercices solitaires ne correspondent pas aux attentes des télévisions. Ça reviendra peut-être un jour…

Quels sont vos pronostics pour le prochain Tour ?

Pogacar sera très difficile à battre car il va avoir des comptes à régler ! J’espère que Gaudu, notre meilleure chance française, parviendra à remonter sur le podium. Il ne lâche rien, c’est une grande force, et il grimpe aussi bien sinon mieux que Pinot. Ce Tour peut être le sien.

Un profil semblable au votre pourrait-il gagner le Tour en 2023 ?

Non, aucune chance ! Même si un Alalaphilippe, qui a déjà gagné sur tous les terrains, est tout simplement exceptionnel, notre meilleur coureur actuel, et de loin, mais pour les courses d’un ou plusieurs jours, pas sur trois semaines.

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