Souvent bien placée, jamais gagnante, la Suisse veut dépasser le stade des huitièmes en phase finale. La Nati a changé de style de jeu. Si les résultats ont commencé à arriver avec la 1ère place acquise en éliminatoires, tout reste à faire dans un groupe équilibré où seule l’Italie paraît au-dessus.
16 juin 2010, première journée du groupe H de la Coupe du monde, la Suisse fait face à l’ogre espagnol, champion d’Europe deux ans plus tôt et futur champion du monde.
Contre toute attente, les Helvètes remportent le match (0-1) face à des Espagnols classés 2èmes au classement FIFA. 18 novembre 2018, en Ligue des Nations, la Suisse terrasse la Belgique, alors 1ère au classement mondial FIFA, sur le score de 5 à 2.
Si on se fie à ses deux résultats, certes espacés de plusieurs années, on a tendance à penser que la Suisse est un outsider pour bousculer les favoris. Néanmoins, ces moments surprennent parce qu’ils sont bien peu nombreux. Et c’est bien le mot déception qui arrive souvent à l’heure d’évoquer l’équipe nationale suisse.
La Nati doit se montrer dans les grandes compétitions
La Nati a bien réussi à tenir la France en échec à l’Euro 2016 (0-0), elle a aussi réussi à faire match nul face aux Bleus en phase de groupes de la Coupe du Monde en 2018 (1-1), mais il est difficile de ne pas tomber dans la fatalité en évoquant les résultats de la Suisse dans les grandes compétitions internationales.
Depuis 1960, elle n’a jamais dépassé le stade des huitièmes de finale, que ce soit à l’Euro ou à la Coupe du monde, elle reste d’ailleurs sur deux 8èmes de Coupe du monde et un à l’Euro. Des avancées remarquables ont bien été faites notamment pendant le mandat de Kobi Kuhn (2001-2008) où l’équipe termina 1ère de son groupe au 1er tour du Mondial 2006.
L’illustre Ottmar Hitzfeld a lui permis à la Suisse d’être classée 7ème au classement FIFA en octobre 2013 mais, à l’aube de cet Euro, la Suisse reste la nation qui est toujours évoquée parmi celles qui peuvent créer la surprise, mais finalement jamais gagnante.
Alors quels seront les objectifs de l’équipe nationale pour cet Euro ? Pour Daniel Visentini, journaliste à la Tribune de Genève, « sortir des poules, c’est l’objectif minimum et ça c’est quelque chose qu’elle fait avec Petkovic automatiquement ».
Un plafond de verre à briser
Mais le journaliste soulève aussi la vision actuelle qu’a l’opinion publique par rapport à la Nati. Une équipe habituée aux huitièmes de finale dans les grandes compétitions et qui doit désormais passer à l’étape suivante. « Tout le monde espère que la Suisse franchisse enfin un palier et égale son meilleur résultat dans l’histoire d’une grande compétition, la dernière fois qu’elle a réussi cela, c’était en 1954 (quart de finaliste de la Coupe du monde, Ndlr) ».
Le journaliste pointe du doigt un changement d’approche tactique des matches par l’équipe suisse qui a décidé de contrôler par la possession et être à l’initiative du jeu. « C’est une équipe qui est articulée autour d’un principe de jeu qui a été mis en place patiemment par Vladimir Petkovic. C’est une équipe qui ne veut plus attendre et contre-attaquer, elle veut avoir le ballon et être maîtresse de son destin… même contre les grandes équipes que ce soit l’Espagne ou l’Allemagne (en Ligue des Nations) ».
Avant de mettre en exergue le travail de fond que le sélectionneur a dû faire pour arriver à ce stade : « Cela fait maintenant depuis 2014 que Petkovic est en place, il a dû travailler dans la profondeur avec les joueurs qu’il voulait, en appelant aussi des jeunes depuis 2018 et en préparant aussi l’avenir. Donc il y a quelque chose de très construit autour de l’équipe ».
La Suisse se donne les moyens de ses ambitions tout en aspirant enfin à passer le niveau au-dessus en venant titiller les grandes équipes. Dans une poule très équilibrée où, derrière l’Italie, tout semble être jouable, l’entrée en matière face au Pays de Galles est l’opportunité à ne pas rater pour la Rossocrociati.
Anthony Rabemanisa