vendredi 26 avril 2024

Cyclisme : pourquoi les « vieux » sont dépassés par la génération de Van Aert, Van der Poel et Pogacar

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2021 a permis de confirmer qu’une nouvelle génération ambitieuse et talentueuse a pris le pouvoir au sein du peloton. De Tadej Pogacar en passant par Wout Van Aert, Mathieu Van der Poel, Egan Bernal ou encore Remco Evenepoel ou João Almeida, voire David Gaudu, ils ont permis de poser les bases des années à venir dans la lutte aux premières places et aux podiums. L’année 2022 devrait être tout aussi passionnante surtout si Roglic, Alaphilippe ou encore Sagan démontrent qu’ils sont encore présents.

Pogacar peut-il faire le triplé sur le tour ?

Il est sans contestation le nouveau patron du cyclisme mondial. Vainqueur de son deuxième Tour de France, mais aussi de Liège-Bastogne-Liège, Tadej Pogacar a démontré que son premier succès acquis en 2020 la veille de l’arrivée à Paris n’était pas un accident. En 2021, il a dominé de la tête et des épaules la concurrence en portant le maillot jaune 14 jours, en remportant trois étapes dont un chrono et deux en montagne.

Sans oublier sa tunique de meilleur grimpeur. A l’heure actuelle, Pogacar est le favori à sa propre succession même s’il ne cache pas que le parcours aurait mérité plus d’arrivées au sommet.

« C’est un Tour de France assez classique. La première semaine sera assez stressante, avec le départ en Bretagne, le contrele-montre et la possibilité d’avoir du vent latéral et du mauvais temps. Ce sera une course difficile, j’aime les Pyrénées et j’espère y performer aussi bien que cette année. Je regrette qu’il n’y ait pas plus d’arrivées en altitude, car il n’y en a que trois. »

Mais Tadej Pogacar a déjà démontré que la France lui allait comme un gant et quand ce n’est pas en vélib’ qu’il profite de Paris, c’est bel et bien avec le maillot jaune de leader du Tour de France. Et cette année encore, il possède toutes les armes pour conquérir un troisième sacre consécutif sur les Champs-Elysées.

Et même si certains lui prêtaient des intentions de découvrir le Giro, le leader de UAE-Team Emirates a déjà fait comprendre que sa priorité sera le Tour de France encore une fois cette année.

« Je suis encore très jeune (23 ans) et je n’ai encore jamais couru deux grands Tours dans la même saison. Dans les deux ou trois années qui viennent, peut-être que je tenterai d’enchaîner Giro et Tour. » Mais, cette année, le Tour passera avant tout.

Même si la Vuelta devrait suivre dans la foulée. Cependant, l’idée d’un troisième Tour victorieux consécutif pour faire comme Louison Bobet, Chris Froome, Miguel Indurain, Jacques Anquetil ou Eddy Merckx avant n’est pas pour lui déplaire.

Est-ce l’année ou jamais pour Roglic sur le tour ?

Plus le temps passe et plus les possibilités de voir Primoz Roglic victorieux sur le Tour de France se réduisent. Le leader de la JumboVisma avait bien cru réussir ce pari en 2020 avant de s’effondrer sur les pentes de la Planche des Belles-filles. Pour le moment, sa 2ème place acquise lors de l’édition 2020 reste sa meilleure performance.

En 2021, il espérait y prendre sa revanche, mais une chute lors de la première semaine l’en avait empêché. Désormais, Primoz Roglic fait une course contre le temps. Le champion olympique du chrono sait qu’il devra être prêt en juillet pour espérer enfin accrocher le Tour de France à son palmarès. Pour le moment, c’est l’unique épreuve affichée à son programme pour 2022.

La preuve que le Slovène prendra avec sérieux sa préparation pour la prochaine Grande Boucle. Il sait qu’il devra se surpasser. Même s’il peut se vanter d’avoir remporté lors trois dernières saisons la Vuelta, il ne sera pas évident de faire oublier ses échecs sur le Tour de France. Surtout si, de son côté, Pogacar continue de collectionner les victoires…

Alaphilippe doit-il se concentrer sur le Tour de France en 2022 ?

Le champion du monde sait qu’il sera attendu sur le Tour de France. Encore une fois. Depuis qu’il a pris rendez-vous sur la Grande Boucle pour offrir de grandes émotions au public français, Julian Alaphilippe ne minimise pas sa préparation pour être au top sur les routes du Tour. Et cela devrait se vérifier encore en 2022.

« C’est un très beau tracé, avec une première semaine qui s’annonce palpitante avec différents terrains d’expression. Un chrono, des bordures, une étape de pavés, des arrivées pour puncheurs… Cela va vraiment être une première semaine avec du mouvement dans tous les cas, où il peut se passer beaucoup de choses. J’ai hâte de faire des reconnaissances pour voir ce qu’on pourrait faire. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a du costaud qui nous attend. »

Et s’il n’a jamais pris le départ du Tour de France avec l’idée de jouer le classement général, il se pourrait que cette nouvelle année lui ouvre l’appétit. Depuis quelque temps, le Français se laisse aller à quelques indiscrétions sur sa volonté de jouer les premiers rôles sur les routes de la Grande Boucle.

« Je n’ai jamais couru un grand Tour en pensant le gagner. Donc il n’y avait pas la même pression. Mais je peux comprendre pourquoi cela a été difficile pour Pinot et Bardet. »

D’autant plus que sa polyvalence pourrait bien lui permettre de vraiment jouer un rôle important sur le prochain Tour de France, surtout si son équipe lui permet de croire à la victoire finale.

Wout Van Aert doit-il prendre le leadership chez Jumbo-Visma ?

Impressionnant sur le dernier Tour de France, Wout van Aert avait confirmé tout son talent en remportant des victoires d’étapes sur contre-la-montre, en montagne, au Mont Ventoux, mais aussi au sprint, sur les Champs-Elysées. Une performance rare qui pourrait lui permettre de passer un cap en 2022.

Même si, pour le prochain Tour de France, il est déjà acté qu’il sera un coéquipier de son leader Primoz Roglic. Toutefois, il a fait du maillot vert son objectif prioritaire.

« Et cela ne signifie pas que je serai un électron libre et que les six autres coureurs de l’équipe pourront se concentrer sur Roglic. Si je veux gagner le classement par points, j’attends du soutien de la part de mon équipe. Mais, d’un autre côté, ce serait bizarre de ma part de dire : « Primoz, je ne t’aiderai pas ». Et je trouverais cela fantastique de remporter le Tour avec lui. »

En cas de défaillance de Roglic en 2022, Wout van Aert pourrait bien devenir une option crédible pour le remplacer. A moins que son coéquipier, Jonas Vingegaard, 2ème du dernier Tour, ne le devance.

Uijtdebroeks est-il le nouveau Evenepoel ?

A 18 ans, Cian Uijtdebroeks est l’un des plus grands espoirs du cyclisme belge. Présenté déjà comme le successeur de Remco Evenepoel, il a profité de son année 2021 pour se préparer à devenir un coureur professionnel avec l’équipe Bora-Hansgrohe en 2022.

Auteur d’une saison exceptionnelle avec de nombreux succès comme sur la Classique des Alpes juniors ou le Grand Prix West Bohemia, le vice-champion d’Europe juniors du contre-la-montre veut se donner le temps de réussir son apprentissage du plus haut niveau. Avec un contrat le liant jusqu’en 2025, il ne veut pas se mettre de pression inutile.

« Je ne me mets pas trop de pression. Je ne me dis pas que je vais faire une saison comme celle de Remco lors de sa première année chez les pros. Nous sommes dans l’optique de grandir tranquillement. Je pense que je ne dois pas me faire de soucis pour suivre les courses, notamment celles de côtes. Se battre dans le final des compétitions, ce sera sans doute autre chose. Si je n’y arrive pas en 2022, cela ne me posera pas de problème. Je me donne le temps pour me développer. On fera le point après ces trois premières années. »

Sagan est-il vraiment une bonne affaire pour TotalEnergies ?

L’arrivée de Peter Sagan permet au Team TotalEnergies de basculer dans une autre dimension. De l’aveu même du manager général Jean-René Bernaudeau, c’est déjà une bonne affaire pour son équipe.

« L’arrivée d’un tel champion, d’un équipementier vélos et accessoires comme Specialized, et d’un partenaire vêtements comme Sportful sont des accélérateurs pour notre projet sportif. C’est une nouvelle attractivité pour les ta-lents de demain. Peter sera un élément clé de notre dispositif sur les classiques et le Tour. Il nous apportera beaucoup sportivement aussi par son expérience, et nous aidera à faire progresser le groupe. »

D’autant plus que Sagan est déjà motivé à l’idée de briller et démontrer qu’il peut encore briller sous ses nouvelles couleurs.

« Cette nouvelle aventure est très excitante. Jean-René est un manager qui a envie de faire bouger les lignes dans le monde du vélo, j’espère pouvoir aider cette équipe à y parvenir, et remporter de nombreuses courses sous ces nouvelles couleurs. Je rejoindrai ma nouvelle formation avec un esprit conquérant cet hiver ! » Reste à le vérifier maintenant sur la route.

Cavendish et Valverde font-ils la saison de trop ?

Ils sont deux des plus grandes légendes vivantes encore présentes dans le peloton. Mark Cavendish reste à 36 ans avec Quick Step-Alpha Vinyl. « Il restera une année supplémentaire avec nous, a confirmé Patrick Lefevere. Mark souhaitait une prolongation de contrat. Je ne pouvais pas lui refuser cela. »

Le dernier porteur du maillot vert du Tour de France n’ira cependant pas sur la prochaine édition de la Grande Boucle. Pour continuer à réussir une belle saison, il devra se contenter des autres courses pour briller. Alejandro Valverde vivra cette année sa dernière saison.

A 42 ans, il terminera une riche carrière qu’il a démarrée en 2002 chez Kelme-Costa Blanca. Même si, en 2021, il avait décroché de beaux succès sur le Critérium du Dauphiné, le Gran Premio Miguel Indurain et le Tour de Sicile, il est déjà acté que son année 2022 ne passera pas par les routes de France.

Il doublera le Giro et la Vuelta, mais pensera aussi aux Classiques ardennaises avec l’idée de terminer sa carrière en grand. Mais attention à ne pas faire l’année de trop. Tout comme Chris Froome…

Pinot et Bardet retrouveront-ils les podiums sur les grands tours ?

Ces dernières années, ils ont été des plus grandes émotions du cyclisme français. Mais, depuis quelques saisons, Romain Bardet et Thibaut Pinot tardent à retrouver leur meilleure forme.

Si le premier a décidé de quitter le cocon d’AG2R-La Mondiale pour tenter le pari du Team DSM, le deuxième a décidé de rester fidèle à son équipe de toujours ; la Groupama-FDJ. S’ils ont déjà prouvé qu’ils pouvaient être sur le podium des plus grandes courses, il leur manque encore l’avènement d’un grand Tour.

A 31 ans, ils savent qu’ils n’auront pas encore beaucoup d’années pour y prétendre, mais ils restent de véritables compétiteurs. Même si, pour le moment, il n’est pas encore décidé de leurs présences sur le Tour de France, ils ont assez d’expérience pour se préparer comme il se doit pour jouer les premiers rôles et accompagner les meilleurs.

Ils auront pour eux de ne pas être des favoris. Une position qu’ils affectionnent et qui pourrait leur permettre de tutoyer encore les étoiles.

Van Der Poel peut-il encore aller plus haut ?

Depuis qu’il s’est lancé à fond dans sa carrière sur route, Mathieu van der Poel chercher à rattraper le temps perdu à 27 ans. Même si le cyclo-cross occupera encore son hiver jusqu’au 30 janvier et le championnat du monde de la discipline, le Néerlandais sait qu’il sera attendu sur les grandes courses du calendrier. Il a déjà prévu d’être présent sur les Strade Bianche, Milan-San Remo, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix.

Des courses qu’il cherchera à dompter avant de se focaliser et de préparer le Tour de France. Surtout que ses jours passés avec le maillot jaune lui ont permis de franchir un cap dans sa carrière. Il a compris la force et l’émotion que de porter le maillot de leader sur la plus grande des épreuves du calendrier.

Il a ainsi pu réparer l’anomalie familiale qui avait vu son grand-père Raymond Poulidor ne pas être maillot jaune dans sa carrière. Mais maintenant c’est à Mathieu van der Poel de conquérir le monde et de remporter les plus belles courses. Avec ses capacités physiques, il est capable des plus grands exploits.

Jakobsen et Evenepoel vont-ils redevenir les ogres du peloton ?

En 2020, ils avaient connu tous les deux des chutes qui les avaient contraints à d’abord récupéré physiquement. L’année 2021 a surtout servi à Fabio Jakobsen et Remco Evenepoel pour se reconstruire et redevenir des coureurs professionnels.

Et cela ne s’est pas fait attendre. Le Belge avait été le premier à renouer avec le succès en remportant la Baloise Belgium Tour avant de confirmer quelques mois plus tard sur le Tour du Danemark.

Il y aura aussi de beaux succès sur Druivenkoers-Overijse, Brussels Cycling Classic ou encore Coppa Bernocchi. Remco Evenepoel a tout pour refaire parler de lui en 2022. Même s’il est déjà assuré qu’il ne sera pas au départ du Giro, comme l’an passé, ou le Tour de France.

Son manager Lefevere a déjà dessiné les contours d’une saison ambitieuse. « On veut qu’il puisse d’abord jouer la gagner dans une course à étapes très relevée, comme Tirreno-Adriatico, le Dauphiné ou le Tour de Suisse. C’est seulement après qu’on le remettra sur une épreuve de trois semaines. »

A 22 ans, le Belge veut prendre son temps, mais son talent devrait vite lui permettre de le rattraper. En 2022, Fabio Jakobsen devrait lui aussi montrer qu’il a déjà récupéré sa pointe de vitesse. Après s’être remis doucement en route, le sprinteur néerlandais a renoué avec les podiums en juillet sur le Tour de Wallonie.

Derrière, il a ainsi pu enchaîner avec une Vuelta exceptionnelle avec le classement par points et trois succès d’étapes. Il a ainsi regagné un capital confiance qui devrait lui permettre d’étonner encore dans les prochaines semaines. Surtout que son manager lui a déjà réservé le rôle de sprinteur en chef sur le Tour de France, malgré la prolongation de Mark Cavendish. Une belle preuve de confiance.

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