jeudi 12 décembre 2024

Léo Westermann : « Mike James, ce n’est pas Messi, mais c’est une chance »

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Arnaud Bertrande
Arnaud Bertrande
Rédacteur en chef — Pole Sport Lafont presse

Avec 154 matches, Léo Westermann est le joueur le plus expérimenté du championnat de France en Euroligue avec son coéquipier Mike James (167). Un Monaco de gala !

Premier match en Euroligue et première victoire. Monaco peut-il avoir un rôle à jouer en Euroligue pour sa première participation ?

Clairement oui ! Les dirigeants et le coach ont fait un énorme boulot et ont monté une équipe qui a le potentiel pour être performante, pour au moins lutter jusqu’au bout pour les playoffs. Maintenant, il faut que la synergie prenne.

A partir de là, on pourra espérer quelque chose même si on ne possède pas la meilleure équipe sur le papier. Malgré les arrivées de gros joueurs comme Mike James, Will Thomas, Motiejunas, et j’en passe, Monaco est un des petits Poucets. Il faudra mettre plus de discipline, plus de connexion entre les joueurs. La saison va être longue et il faudra que tout se passe bien entre nous.

En clubs, il ne vous manque qu’un trophée : l’Euroligue. En choisissant Monaco, vous n’avez pas opté pour la facilité. N’aviez-vous pas des contacts avec des clubs plus huppés ?

Après deux ans où j’avais un rôle moindre que ce soit à Fenerbahçe ou à Barcelone avec qui j’avais encore un an de contrat, j’avais envie de retrouver un rôle plus important, de me sentir un peu plus désiré, d’avoir plus de responsabilités et Monaco est arrivé très vite.

Le coach m’a appelé, ça a compté. J’avais deux ou trois autres touches, mais Monaco était le club qui me correspondait le mieux à ce moment de ma carrière. Je pense avoir fait le bon choix. A moi de performer maintenant sur le terrain !

« Rejoindre Monaco qui me donnait plus de responsabilités »

Malgré le titre de champion et une finale d’Euroligue, l’aventure s’est terminée prématurément avec le Barça. Que s’est-il passé ?

C’était une grosse équipe de 15 joueurs. Des choix ont été faits pendant la saison, le coach a décidé de prendre un autre joueur que moi. J’étais dans l’équipe, mais je ne jouais pas beaucoup. C’est aussi pour ça que j’ai voulu rejoindre un club qui me donnait plus de responsabilités.

Vue la dimension de cette équipe de Monaco, avez-vous vraiment le sentiment d’être dans une équipe française ?

On voit tous les efforts que le gouvernement monégasque fait. Pour moi, c’est nouveau par rapport à un championnat français où parfois des maires n’en ont que faire du basket. Ici, le Prince Albert, le Premier Ministre et le Ministre de l’Intérieur étaient à notre conférence de presse. Il y a vraiment un engouement autour du club. D’un côté, je ne me sens pas trop en France car Monaco est une Principauté, un pays à part entière, mais de l’autre on joue dans le championnat de France, avec des joueurs locaux. Cette double culture est très intéressante.

« L’ASVEL est le champion en titre. c’est le favori »

A Monaco, les Français sont en minorité dans l’équipe (5 sur 15) contrairement à l’ASVEL (10 sur 15). Deux façons différentes d’appréhender l’Euroligue.

L’ASVEL a une très belle base de joueurs français. C’est certainement l’une des seules équipes d’Euroligue avec l’Etoile Rouge et Zalgiris à faire confiance aux joueurs formés localement. Les autres clubs ont très peu de joueurs locaux ou qui ont des responsabilités importantes.

A l’image du PSG en foot, avec une telle armada, la Roca Team est-elle obligée d’être championne de France ?

On ne peut pas se cacher qu’on est un des deux gros favoris avec l’ASVEL. C’est le champion en titre. C’est le favori. Décrocher ce titre qui manque à Monaco depuis que le président ukrainien a repris les rênes de l’équipe n’en reste pas moins notre objectif de la saison tout en espérant performer en Euroligue.

Partout où vous passez, vous décrochez un titre ! C’est de bon augure…

C’est vrai que depuis quelques années, je gagne un titre tous les ans. J’espère que ça va continuer et que la finalité sera la même ! (sourire)

L’ASVEL qui joue aussi l’Euroligue vous a-t-il approché ?

C’est le club qui a lancé ma carrière, j’aurai toujours une attache particulière pour l’ASVEL. Cet été, je n’ai pas eu de contact. L’effectif était déjà en place, avec des joueurs de mon profil, donc ça ne s’est pas fait.

Léo Westermann s’attend à un championnat difficile

Revenir dans le championnat de France n’est-ce pas quelque part faire un pas en arrière ?

Le championnat de France est très compliqué à jouer. C’est un championnat qui progresse tous les ans. C’est compliqué après un match d’Euroligue d’aller jouer au Portel ou à Roanne où on a d’ailleurs bataillé dur pour gagner le premier match de la saison (75-80, Ndlr). Revenir en France n’est pas une régression. J’essaie juste de repartir du bon pied. Il n’y a pas la même effervescence qu’au Fenerbahçe, Barcelone ou au CSKA Moscou, mais c’est ce dont j’avais besoin à ce moment de ma carrière.

Quelle est votre explication à cet afflux de gros cv en Betclic Elite à l’intersaison ?

Je ne pense pas que ce soit lié à notre médaille d’argent aux JO. Pour des Américains qui viennent jouer en France, c’est loin de leur esprit (rires). Par contre, la Covid est passée par là dans beaucoup de championnats. Dans certains pays, il n’y a plus les mêmes ressources financières avec des clubs en galère.

La France a elle une certaine stabilité et les clubs en sortent même plus riches quand on voit les budgets. Cette stabilité financière est très importante pour beaucoup de joueurs. Après, des équipes comme Paris arrivent dans l’élite, Lyon avec l’ASVEL grandit chaque année, Monaco s’invite dans l’Euroligue avec dès la première année un budget très intéressant, sans compter Bourg en Bresse, Dijon, Levallois… Il y a une vraie émulation et beaucoup de clubs proposent de beaux projets et un beau salaire.

Un sacrifice financier pour venir à Monaco

Peut-on comparer l’arrivée de Mike James à Monaco à celle de Messi au PSG ?

Si LeBron James ou Kevin Durant arrivaient dans notre championnat, on pourrait comparer avec Messi, là non. Voir l’un des meilleurs joueurs d’Euroligue de ces cinq dernières années venir en France, c’était néanmoins presque inconcevable. Mike est un phénomène, un scoreur en Europe qui est presque inégalé. En plus, c’est un bon gars…

Qui va toucher un salaire record en France, on parle de plus d’un million la saison (1,4). Cela peut-il causer un souci dans le vestiaire ?

C’est la dernière chose qui nous intéresse. Chacun a le salaire qu’il a (sic). On connaît le CV de Mike, sa capacité à pouvoir gagner un match à lui tout seul. Des joueurs aussi talentueux ont un prix et c’est une super arrivée pour notre championnat.

Son salaire équivaut tout de même à la masse salariale de pas mal de clubs (6) de l’élite !

C’est un énorme joueur qui arrive en France. Tout le monde va profiter de son arrivée. J’ai plein d’amis à l’étranger qui ne regardaient pas forcément le championnat et, depuis qu’ils savent que Mike James va jouer à Monaco, me demandent où voir les matches.

« J’avais envie de jouer davantage et de compter plus dans une équipe »

Y a-t-il un public basket à Monaco ?

Il y a un public monégasque. Après, c’est un petit pays. Il y a donc moins de monde, mais on sent cette envie et cet amour du sport du gouvernement. Lors de notre premier match, le Prince Albert ou Charles Leclerc étaient là. Des fans nous écrivent régulièrement sur les réseaux. Quelque chose se passe.

Les jeunes Français rêvent tous ou presque de NBA. Vous concernant, cela aurait-il pu se faire ?

Ça remonte (rires). L’année de ma draft (2014), je me suis fait les ligaments croisés (en novembre 2013, Ndlr). Après, est-ce que j’y serai allé ? Je pense que non. Je n’avais pas les capacités physiques qui m’auraient permis de briller en NBA.

Quand vous reverra-t-on en équipe de France que vous n’avez plus fréquentée depuis 2017 ?

Je n’ai pas trop de nouvelles… Je serai content de la retrouver. En attendant, j’ai énormément d’amis qui y jouent. Je suis leur premier supporteur. Je regarde tous leurs matches et je suis très content des performances des Bleus en espérant que ça continue car le potentiel de cette équipe est énorme.

Vous n’avez donc pas eu de nouvelles du sélectionneur.

Non. On a la chance d’avoir un énorme vivier au poste de meneur avec des jeunes en devenir. J’espère tout de même être toujours dans les papiers du sélectionneur. Peut-être que je ne suis pas assez performant. A moi d’être meilleur pour pouvoir y retourner.

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