Quarts de finaliste du dernier Euro, les Polonais rêvent de réaliser à nouveau pareille performance. La Pologne devra se sortir d’un groupe à leur mesure accompagnés de l’Espagne, de la Suède et de la Slovaquie.
21 janvier 2021, une ère se tourne, Jerzy Brzeczek en manque de résultats et d’idées laissa sa place à Paulo Sousa à la tête de la sélection polonaise. Jerzy Brzeczek avait pris la tête de l’équipe à la suite de la Coupe du Monde 2018 et même s’il avait réussi à qualifier facilement la Pologne pour l’Euro, notamment grâce à un groupe éliminatoires à la portée de la sélection, il n’a pas eu la légitimité pour continuer.
Finir devant l’Autriche et la Slovénie n’a pas suffi à gommer ses lacunes. Ce remplacement plus que tardif à l’aube d’une grande compétition fait que la sélection polonaise n’arrive pas très en confiance, c’est en tout cas l’analyse de Kévin Sarlat auteur de l’ouvrage « L’Histoire du Football Polonais : (1886-1946) ».
« La Pologne, actuellement, c’est un peu le flou. Un nouveau sélectionneur, étranger qui plus est, vient de remplacer l’ancien qui était catastrophique autant du point de vue tactique qu’en tant que meneur d’hommes. De plus, hormis en 2016 et à juste titre, la Pologne n’a jamais été une équipe qui avait confiance en elle, la faute à des joueurs moyens et à une faible renommée internationale. »
La Pologne attend beaucoup de Sousa
Forcément, lorsqu’on vient de changer de sélectionneur, et que l’on doit faire face à une telle compétition, les objectifs peuvent être revus à la baisse, l’objectif visé pouvant être plus pour du long terme.
Malheureusement, un certain nombre de cadres de la sélection sont sur la fin de leur carrière et n’ont plus vraiment le temps d’attendre, Paulo Sousa a donc une grosse pression sur les épaules et doit apporter des certitudes à ce groupe le plus vite possible.
« L’objectif est de sortir du groupe car, en théorie, le niveau de l’effectif est supérieur à celui de la Suède et de la Slovaquie, mais avec le peu qu’a pu construire Sousa en quelques semaines, si tenté qu’il ait eu le temps de construire quelque chose, ce ne sera pas facile. Surtout que la Pologne a la fâcheuse habitude de perdre des points contre les équipes en théorie plus faibles » souligne Kévin Sarlat.
Paulo Sousa n’a pas encore la même stature en tant que sélectionneur que celle qu’il avait en tant que joueur. Même si ses passages au Maccabi Tel-Aviv ou à la Fiorentina n’ont pas été mauvais, le Portugais n’a jamais totalement convaincu non plus.
Paulo Sousa est considéré comme un excellent psychologue, quelqu’un qui arrive à avoir son groupe avec lui mais, à Bordeaux par exemple, ses choix tactiques n’ont pas fait effet. Il s’est obstiné à évoluer en 3-4-3 alors qu’il n’avait pas la profondeur d’effectif pour en défense centrale et que les Girondins ne disposaient pas de pistons d’une assez grande qualité pour remplir ce rôle.
Il faudra donc rapidement qu’il connaisse cet effectif polonais sur le bout des doigts pour savoir comment le faire jouer, mais aussi pour pouvoir communiquer avec eux de la bonne manière et ainsi pouvoir profiter de sa principale qualité.
Lewandowski enfin au rendez-vous ?
Cet effectif que doit apprendre à connaître Paulo Sousa ne manque pas de qualité. Mis à part Jakub Blaszczykowski et Kamil Grosicki, tous les cadres de 2016 sont toujours présents et certains autres ont émergé. Des joueurs vieillissent certes, mais qui restent pour la plupart très performants et le sélectionneur dispose notamment d’une colonne vertébrale très solide et qui n’a presque pas évolué ces dernières années.
Les joueurs se connaissent en effet bieen et c’est d’ailleurs ce qui devrait permettre à l’entraîneur portugais de prendre ses marques plus rapidement. Cette colonne vertébrale commence évidemment avec Wojciech Szczesny, le gardien de la Juventus de Turin. Or même si pendant longtemps il était en concurrence avec Lukasz Fabianski en sélection, il est devenu un pilier de cette équipe et pourra aider à rassurer sa charnière centrale.
Mais la charnière centrale qu’il doit rassurer n’est pas en reste. Elle n’est pas forcément une force de cette équipe, mais elle n’est pas une immense faiblesse non plus. Kamil Glik est vieillissant, mais il a une immense carrière derrière lui et saura apporter sérénité et expérience à la défense polonaise. Jan Bednarek s’est imposé depuis le début de l’année civile 2019 comme un indéboulonnable de la défense de Southampton. Bientôt trois saisons en tant que titulaire en Premier League à seulement 25 ans, peu de défenseurs peuvent s’en vanter.
Krychowiak, le joueur clé du milieu de terrain polonais
Le squelette de cette colonne vertébrale au milieu de terrain symbolisé par deux hommes : Gregorz Krychowiak et de Piotr Zielinski. Si le premier cité est le plus expérimenté et sans doute le plus connu, c’est bien le joueur de Naples qui est très attendu. Selon Kévin Sarlat, « c’est le joueur à surveiller, clairement. C’est vraiment le 8 parfait qui fait le travail du 10 en phase offensive, mais qui peut tout à fait faire le travail du 6 de l’autre côté du terrain ».
Il aura comme mission de dominer les autres milieux du groupe E et notamment ceux de la Suède, le point faible de cette équipe. En attaque, les joueurs ont un nom, Krzysztof Piatek, Arkadiusz Milik et le meilleur joueur de cette équipe, le meilleur joueur de la planète en 2020, Robert Lewandowski.
Piatek, Milik, Lewandoski, le trio magique de la Pologne
Ce trio sera le gros point fort de l’équipe (même si Milik, touché au ménisque est toujours incertain). Robert devra performer en grandes compétitions comme il le fait en qualifications, ce qu’il n’a encore jamais réussi à faire dans sa carrière. Le meilleur numéro 9 de la planète sera très attendu et devra porter les siens.
Il est l’espoir de toute une nation. La Pologne a néanmoins une immense faiblesse et Kévin Sarlat nous l’assure, « les côtés sont le point faible de l’équipe et particulièrement les latéraux ». Que ce soit Roca, Rybus ou Bereszynski, aucun ne convainc.
En attaque, la Pologne n’a pas encore réussi à remplacer Blaszczykowski et Grosicki. Jozwiak, Szymanski ou Placheta ne semblent pas avoir l’étoffe pour peser énormément sur les défenses adverses. Le danger avec cette équipe de Pologne viendra assurément du milieu, la charnière adverse devra être très compacte.
Alors même si la Pologne possède de nombreuses qualités et un des meilleurs joueurs du monde, ses trop nombreuses lacunes ainsi que le manque d’expérience de ce groupe avec ce sélectionneur peuvent inquiéter. Le résultat magnifique obtenu en 2016 semble presque utopique pour cet Euro. Ils auront tout de même une chance de s’extraire de leur groupe et, à partir de là, tous les espoirs sont permis.
Robin Wolff