vendredi 26 avril 2024

Quand Paris était la capitale du Basket français…

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La saison 2020/2021 restera un tournant historique pour le basket français. Ainsi, avec 23 victoires pour 11 défaites, le Paris Basketball a arraché son billet pour l’élite et c’est un petit exploit. En effet, cela faisait depuis la saison 2006/2007 qu’il n’y avait pas eu un club de la Capitale dans l’élite. Retour sur une histoire plus que mitigée pour les clubs parisiens.

Au départ, la Capitale apparaissait pourtant comme une terre de naissance de basket en France, mais également en Europe. Ainsi, le 27 décembre 1893 eut lieu la toute première rencontre en Europe, rue de Trévise. Le tout premier club de France apparaît sous le nom de BBC Trévise.

Courant 19ème siècle, de nouveaux clubs parisiens sont fondés. Championnet Sports, le Stade Français, le Racing Club de France, le PUC et l’US Metro voient le jour. C’est d’ailleurs le deuxième cité qui remporta le tout premier championnat de France, il y a 100 ans, en 1921. L’US Metro sera quant à lui vainqueur à deux reprises en 1936 et en 1944.

Six clubs parisiens dans le premier championnat national !

Lorsque le tout premier “vrai” championnat national est fondé en 1949, six clubs parisiens sont présents et l’un d’entre eux se distingue en remportant les éditions de 1951, 1953 et 1954 : le Racing Club de France. Un avenir radieux apparaissait pour Paris. Ce ne fut pourtant pas le cas. 100 ans après le premier titre, l’historique et le palmarès font tache pour la Capitale qui se “doit” d’avoir des clubs qui jouent les premiers rôles comme au handball ou au foot actuellement.

En 2021, le club le plus titré reste pourtant l’ASVEL, suivi de Limoges, avec 20 et 11 titres respectifs, bien loin du premier club parisien avec seulement 3 petites unités pour le Racing Club de France (4 si l’on ajoute le titre du PSG Racing Basket en 1997). Pis encore, l’addition de tous les titres de tous les clubs parisiens (8) n’équivaut qu’à 11 titres (3 pour le Racing Club de France en 1951, 1953 et 1954, 2 pour le Stade Français en 1921 et 1927, 2 pour le SCPO Paris en 1936 et 1938, 2 pour le PUC en 1947 et 1963, 1 pour Championnet Sports en 1945 et 1 pour le PSG Racing Basket en 1997). Si, aujourd’hui, Paris a un palmarès aussi peu fourni au niveau du basket, c’est notamment dû à la culture du “cela ne marchera jamais”, apparue dans les années 1970.

Quand le PSG se met au basket…

Un club de la Capitale n’a jamais su garder son statut et la Capitale est donc apparue comme le chat noir du basket. On a également assisté à l’américanisation de ce sport, un mode de vie et une culture que les clubs parisiens n’ont pas su imprégner et qu’ils ont voulu rejeter. En 1978, le Racing Club de France est relégué, plus aucun club de la Capitale ne se trouve dans l’élite : une crise pour la ville lumière.

L’espoir des Franciliens revient à travers le Stade Français en 1980 qui s’allie à la banlieue d’Evry et qui, armé de stars comme Victor Boistol et Philippe Haquet, pouvait rêver de son heure de gloire. Un rêve qui n’aura duré que sept petites années. 1989 marque également un nouvel élan avec le retour du Racing Club de France, cette fois ci renommé sous le nom de Racing Paris Basket. Pour aider à la concrétisation de ce projet, les moyens sont conséquents. En 1992, le RPB devient le PSG Racing Basket et appartient donc également à Canal+. 1997 montre l’apogée de ce club qui remporte le championnat, le dernier titre à l’heure actuelle pour un club de la Capitale.

Lorsque Charles Biétry décide de quitter le PSG Omnisports, personne ne se proposera pour reprendre le projet. Les années se suivent et se ressemblent. Les banlieues émergent avec Levallois et Nanterre notamment. Le premier cité s’associera au Paris Basket Racing et clôtura donc la présence de Franciliens dans l’élite.

Le Paris Basketball reprend le flambeau

Cela fait désormais 14 ans que les Parisiens se cherchent désespérément un représentant. En 2018, le destin fait que la solution pour Paris provient des Etats-Unis. David Kahn, ex-membre des Minnesota Timbervolwes en NBA, décide de racheter la licence du club de Hyères Toulon Var Basket. Trois ans plus tard, le Paris Basketball finit 2ème de Pro B et sera donc en Betclic Elite en 2021/2022. La question est de maintenant savoir si ce club parviendra à se maintenir dans l’élite durant des dizaines d’années et surtout si les supporteurs pourront se sentir concernés. Il faut qu’il y ait des supporteurs autour de ce projet, mais un aspect n’est pas à négliger à Paris : la présence du foot. Ce dernier déchaine toutes les passions et relègue tous les autres sports au second plan encore plus avec l’arrivée d’un certain Messi…

Un autre problème touche également les clubs de la Capitale : l’impossibilité ou la complexité de se rendre au stade notamment avec les embouteillages. Un club ne peut survivre sans l’apport de soutiens de la part de ses supporteurs et le Paris Basketball semble l’avoir compris. En témoigne la déclaration de son directeur des opérations Mathias Priez : « Ça a été particulier de jouer à huis clos, on a enchaîné les victoires quand les fans sont revenus à Carpentier et je pense que ce n’est pas anodin». Le club utilise également, comme son homologue du Paris Saint-Germain, des entités pour faire sa promotion et attirer des fans. On pourrait notamment citer le rappeur Sheck Wes qui a été recruté et qui est mondialement connu. Pour le Paris Basketball, les prochaines années vont s’avérer être cruciales pour ce club qui souhaite devenir un grand d’Europe et donc jouer l’Euroligue.

Objectif Euroligue

Interrogé sur le projet mené par David Kahn, Charles Biétry est confiant : « Oui, moi je crois au projet parce qu’il y a des gens qui s’y investissent, qui ont beaucoup de qualités et qui s’en occupent. Déjà, monter de deuxième division à la Pro A, c’est une première réussite.»

Il insiste tout de même sur le point qui lui semble le plus important : sans salle, le basket ne trouvera jamais une place stable à Paris. « Ce qu’il faut pour réussir : c’est une salle ! Il faut quand on parle basket à Paris, il faut qu’on parle d’une salle. Ils ont joué à Carpentier, c’est très compliqué de trouver le terrain et on ne peut pas s’y garer. Ça parait des petites raisons stupides or c’est capital. Il faut des salles, des équipements.» La présence de salles dans les banlieues et petites villes sont d’ailleurs une justification de pourquoi elles règnent sur le basket français, leurs équipes peuvent avoir un vrai soutien.

Charles Biétry saisit encore la balle au bond : « Les équipes qui ont participé au championnat sont toujours des petites villes où le basket était le sport numéro 1 et où elles avaient une salle dédiée au basket ». Le Paris Basketball est conscient de ce problème et du besoin d’avoir une salle dédiée au basket et non une salle où se croisent des lignes de volley, de badminton, de handball… Ainsi dès 2023, l’Arena Porte de la Chapelle sera prête et dédiée au club. Si les places sont simples et la salle facile à trouver alors …

Les hommes de David Kahn possèderont donc tout ce qui leur faut entre leurs mains et pourront donc devenir la première grande ville de France à briller dans ce sport. 100 après, les Parisiens se retrouvent donc enfin en la possession d’un club de l’élite à proximité de chez eux. Attention néanmoins à ne pas griller les étapes ou sinon le pari sera une nouvelle fois raté.

Mathieu Souesme

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