vendredi 26 avril 2024

Rétro : ce doublé venu d’ailleurs pendant la Coupe du Monde 1998…

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Zinédine Zidane n’a pas été le seul joueur français auteur d’un doublé dans cette Coupe du Monde 1998. Lilian Thuram a même été un buteur plus improbable que le meneur de jeu des Bleus. C’était en demi-finale. Au meilleur moment.

« Non, ce n’était pas moi en 1998, sinon je peux vous assurer qu’on n’aurait pas gagné la Coupe du monde. « L’autre » a marqué deux buts, je me suis réveillé et on m’a dit « t’as marqué deux buts » A force de revoir les images je me persuade que c’est moi. »

L’auteur lui-même n’en croyait pas ses yeux, il avait du mal, même quelques années plus tard, à réaliser qu’il avait inscrit deux buts en demi-finale de Coupe du monde. Il faut dire qu’en 142 sélections avec les Bleus, Lilian Thuram n’a inscrit que… deux buts, mais deux buts qui sont entrés dans la légende en envoyant la France en finale de la Coupe du monde.

Quatorze ans après Jean-François Domergue en demi-finale de l’Euro 84, un défenseur de l’équipe de France marquait donc lui-aussi un doublé en demi-finale :

« La différence entre Lilian et moi, c’est que moi je n’étais pas titulaire au début de la compétition, j’étais le remplaçant de Manuel Amoros. C’est sûr qu’on ne s’y attend pas, notre premier rôle est de défendre, mais ce sont des buts qui changent la vie car les deux fois ça a mené au titre.

La France en 98 avait une défense excellente, le quatuor se connaissait très bien, les joueurs étaient très complémentaires et c’étaient des défenseurs qui pouvaient aussi marquer des buts, on l’a vu avec Laurent Blanc en 8èmes ou Lilian Thuram en demi-finale » analyse Jean-François Domergue.

Thuram appartient à la génération dorée de 98

Cette affiche était prometteuse sur le papier avec la génération dorée croate et une équipe de France qui prenait de plus en plus de poids au fur et à mesure que le Mondial avançait.

La victoire avec le but en or en 8èmes de finale face au Paraguay avait provoqué un déclic dans le groupe. Au regard de la qualité des joueurs présents sur la pelouse, la première période est décevante. C’est, en effet, en seconde période que tout s’est accéléré dans ce match.

La première avait été marquée par quelques occasions, mais s’était achevée par un score nul. Dès le retour des vestiaires, en revanche, les spectateurs ont eu des raisons de s’enthousiasmer avec un but de Davor Suker dès la 46 minute. Il ne fallait pas revenir à sa place en retard après la mitemps sous peine de rater l’ouverture du score.

Ses deux seuls buts en équipe de France !

Cette réalisation éteignait le Stade de France, mais les supporteurs français n’avaient pas le temps de perdre espoir avec un sauveur improbable qui surgissait sous la forme de Lilian Thuram.

Une minute seulement après le but croate, le latéral se jetait à l’assaut du but adverse, il se transformait en milieu récupérateur en prenant le ballon dans les pieds de Boban, servait Youri Djorkaeff et après un joli une-deux avec ce dernier il envoyait le ballon au fond des filets.

Thuram avait de bonnes raisons d’être énervé et motivé, il se sentait coupable sur le but croate. A première vue, il couvrait Suker, mais en regardant les images avec plus d’attention après le match on pouvait s’apercevoir que Bixente Lizarazu couvrait aussi Suker donc Thuram n’était pas complètement coupable :

« Lilian était déjà un latéral offensif comme on en connait aujourd’hui. Avant, les latéraux défendaient surtout, mais lui c’était un latéral moderne comme Bixente Lizarazu de l’autre côté. Ils attaquaient, mais pas n’importe comment et ils défendaient aussi très bien.

La France avait une défense imperméable. Lilian Thuram a toujours été un énorme compétiteur, quand il a vu que les Bleus étaient menés, il est monté, mais pas n’importe comment. C’est un garçon et un joueur très intelligent, qui analysait parfaitement le jeu.

Avec lui dans l’équipe, on était tranquilles et sereins défensivement » analyse Daniel Bravo qui a connu Thuram à Parme notamment et l’a aussi affronté à plusieurs reprises.

Une célébration qui a fait le tour du monde

Après cette égalisation, les Français ne relâchent pas leur pression, ils veulent enfoncer le clou en prenant l’avantage rapidement. Ce sera fait à la 69ème minute toujours grâce encore une fois à Lilian Thuram.

Rôdant près de la surface de réparation, il envoie de l’entrée de la surface une frappe enroulée du gauche au ras du poteau, tout le stade retient son souffle et quand elle termine sa course au fond des filets croates tout le monde est médusé par l’exploit réalisé par Lilian Thuram.

Les circonstances de match, la culpabilité du premier but croate lui ont fait pousser des ailes et devenir un héros national. Il sera rejoint quelques jours plus tard par Zinédine Zidane lui aussi auteur d’un doublé lors de la finale face au Brésil. S’il n’était pas surprenant que Zidane marque des buts, ça l’était plus que Thuram le fasse.

Thuram fait basculer les Bleus en finale

L’équipe de France a fait basculer sa destinée grâce à un des joueurs que l’on attendait le moins. Lilian Thuram ne s’y attendait pas du tout lui non plus. Après son but, il s’est agenouillé avec l’index sur la bouche et une expression d’étonnement et l’image de ce geste a fait le tour du monde.

Après ces deux buts aussi surprenants que précieux, plus rien ne sera marqué, les Croates tenteront de revenir au score, mais ils se heurteront à la solide défense française et à Fabien Barthez.

Au coup de sifflet final, tout le peuple français est soulagé, le souvenir terrible de la demi-finale de Séville de 1982 est oublié, Lilian Thuram offre à la France la première finale de Coupe du monde de son histoire. Après cette soirée de rêve, Thuram ne réussira plus jamais de doublé.

Il ne marquera même plus le moindre but jusqu’en novembre 2002 et un match avec la Juventus Turin face au Milan AC.

L’histoire de Lilian Thuram sur cette demi-finale fait partie des plus belles histoires du foot, il était écrit qu’il deviendrait un héros, c’est arrivé le 8 juillet 1998 de manière surprenante et quatre jours plus tard, il entrait de nouveau dans l’histoire en faisant partie de la première équipe française championne du monde. Joli destin pour l’un des meilleurs défenseurs français de l’histoire, l’un des plus intelligents aussi.

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