samedi 27 avril 2024

Wollongong un mondial bourré des stars du cyclisme

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Moins technique et sélectif que l’édition 2021, à Louvain en Belgique, le parcours australien de Wollongong sera largement plus favorable aux sprinteurs. Pas forcément une bonne nouvelle pour Julian Alaphilippe ? Rien n’est moins sûr tellement le double champion du monde, plein de fraîcheur et frustré par son absence sur le Tour, aura à coeur de sauver sa saison face à un peloton qui aura rarement été aussi relevé.

L’Australie, à Wollongong, en Nouvelle Galles du Sud, sera le théâtre des championnats du monde le 25 septembre. Trois tranches sont au programme, la première de 27 km après un départ effectué en bord de mer, la seconde est une boucle de 34 km avec une bosse, le mont Keira (8,7 km à 5%), avant l’arrivée sur un circuit urbain dans South Coast, de 17,5 km, à parcourir à douze reprises avec le pont Pleasant (1,1 km à 7,7%) à escalader pour un dénivelé positif total de 3945 mètres. Lors de la présentation du parcours, le directeur des sports de l’UCI, Peter van den Abeele, confirmait le profil de l’épreuve :

« Il est beaucoup moins difficile que celui de Louvain, plus technique donc il ne sera pas facile d’y faire des différences. La première partie est plus difficile et la suite peut amener vers un sprint. Attention tout de même car le rythme imposé par les meilleurs, un Van Aert par exemple, peut faire des dégâts. »

Alaphilippe veut effacer son absence du Tour de France

Nonobstant les sprinteurs, le vainqueur sera forcément un profil à la fois endurant et explosif, capable de bien mener sa barque, d’avoir avec lui une équipe capable de le mettre dans les meilleures dispositions, à l’instar de ce qu’a fait l’équipe de France lors des deux dernières éditions.

« Beaucoup de gens pensent que l’Australie est plat, mais à Wollongong, sur un circuit ouvert et tourné vers l’océan, tous les éléments sont réunis pour rendre la course difficile et dynamique » affirme le directeur de la course, Scott Sunderland, pendant que Stuart Taggart, l’organisateur en appelle au sentiment patriotique pour espérer voir un Wallaby sur la plus haute marche :

« Nous pouvons espérer voir Caleb Ewan ou Michael Matthews s’imposer ! » Et ainsi reproduire un scénario à la Geelong, où en 2010, pour la première incursion des Mondiaux en Australie, le maillot arc-en-ciel était revenu à Thor Hushovd, surgissant au milieu d’une meute d’une vingtaine de coureurs.

12 ans après, le peloton a bien changé qui est désormais moins fermé et largement plus ouvert, dynamité par une génération de jeunes coureurs jamais aussi à l’aise que lorsqu’ils cassent les codes. Julian Alapahilippe en est évidemment un spécimen de premier choix au même titre que Van der Poel, Van Aert, Pogacar ou Evenepoel, des jeunes aux dents longues qui rêvent eux aussi d’endosser le mythique maillot et qui sont capables de tout, surtout du meilleur.

Des favoris à la pelle pour Wollonwong…

Deuxièmes (Van Aert et van Baarle) et frustrés de ne pas avoir empêché les Bleus de porter Alaphilippe au sommet en 2020 à Imola et en 2021 à Louvain, Belges et Néerlandais, seront deux nations particulièrement revanchardes et dangereuses avec Van Aert, Evenepoel et Philipsen d’un côté, Van der Poel, van Baarle ou les sprinteurs Jakobsen et Groenewegen de l’autre.

Attention aussi, évidemment, à la Slovénie emmenée par son trio Pogacar/ Roglic/Mohoric, qui ne manquera pas le coche tous les ans. Les Danois, avec le champion du monde 2019, Pedersen, le vainqueur du Tour des Flandres 2021, Asgreen, ainsi que Cort Nielsen et bien sûr Vingegaard font également office d’épouvantail… s’ils sont redescendus d’ici là du nuage sur lequel le départ du Tour dans leur pays les a transportés !

Sagan, Van Aert, les sprinteurs en outsiders

A domicile, s’ils parviennent à dompter la pression ce que n’avaient pas réussi à faire les Belges à Louvain l’an passé ! -, les Australiens auront aussi des atouts sur un circuit à bien des égards taillé à la mesure des sprinteurs Ewan, Matthews (2ème en 2015, 3ème en 2017) ainsi que de la révélation du Tour 2021 de chez AG2R Citroën, O’Connor, le profil de grimpeur du pourtant excellent Storer ne le prédisposant pas à avoir beaucoup d’ambition autre que celle d’un coéquipier de luxe.

C’est d’ailleurs toujours des équipes capables de dégager un fort collectif, d’appliquer de manière stricte des consignes de course bien intégrées par tout le monde que jaillissent les champions du monde. Dans ce registre, la France fait figure de modèle avec ses deux chefs d’oeuvre tactiques au service d’Alaphilippe en 2020 et 2021 sur deux parcours différents, mais avec la même volonté de tous, de Madouas, de Sénéchal ou de Cosnefroy, de Laporte ou de Turgis, de Démare ou de Cavagna et Russo, pour les citer tous, d’apporter leur pierre à l’édifice. Présente à trois reprises sur le podium (Bardet, 2ème en 2018) lors des quatre dernières éditions, la team de Voeckler sera clairement l’équipe à battre le 25 septembre à l’autre bout du monde.

Plus isolés au sein de formations moins fournies, le triple champion du monde, le Slovaque Peter Sagan, comme l’Américain McNulty, le Polonais Kwiatkowski (vainqueur en 2014), les Suisses Hirschi et Küng, les Allemands Ackermann et Schachmann, les Anglais Pidcock et Cavendish (vainqueur en 2011), les Italiens Moscon ou Trentin, sans oublier les Espagnols, toujours présents derrière l’inusable Valverde (champion du monde en 2018, 7 podiums en carrière, le record) dont ce sera la dernière participation.

Girmay, la grosse cote

Enfin, la surprise, qui n’en serait plus vraiment une, pourrait venir du vice-champion du monde espoir de l’année dernière, l’Erythréen Biniam Girmay. Car depuis Louvain, le coureur de chez Intermarché Wanty-Gobert Matériaux a passé un cap en gagnant Gand-Wevelgem et une étape du Tour d’Italie.

Sa rocambolesque blessure à l’oeil digérée, il abordera ses premiers Mondiaux Elite sans aucune pression autre que d’entrer une nouvelle fois dans l’histoire. Trois ans avant que l’Afrique n’accueille pour la première fois les championnats du monde sur son sol (à Kigali, au Rwanda en 2025), le timing serait parfait qui offrirait à un 18ème pays le privilège de porter le si prestigieux maillot arc-en-ciel.

Une course, 3 ambiances

1/ Au nord de Wollongong, le peloton partira du hameau d’Helensburg pour border le parc national vers le sud jusqu’à Stanwell Tops. Le belvédère de Bald Hill est au programme avant de redescendre vers la ville en prenant l’emblématique Sea Cliff Bridge. Les coureurs traverseront ensuite Stanwell Park, Coalcliff, Clifton, Scarborough, Wombarra, Coledale, Austinner, Thirroul et Bulli vers Wollongong où les attend la boucle du mont Keira.

2/ Culminant à 473 mètres d’altitude, le mont Keira est une ascension difficile de 8,7 km avec un pourcentage moyen de 5% et une descente qui peut être rendue piégeuse en cas de pluie en raison d’une végétation tropicale luxuriante et qui mène au coeur industriel de la ville, via Kembla Heights, Cordeaux Heights et l’aciérie de Port Kembla.

3/ Très technique et avec beaucoup de relances, le Wollongong City Circuit a été dessiné à travers les banlieues de Gwynneville, Mount Ousley, Mount Pleasant, Fairy Meadow et North Wollongong. A gravir à douze reprises, l’ascension jusqu’à Mount Pleasant le long de Mount Ousley Road a une pente moyenne de 7,7% (avec un pic à 14%) qui peut s’avérer sélective.

Tom Boissy

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