vendredi 26 avril 2024

Frédéric Weis : « Les Knicks voulaient faire de moi le successeur de Patrick Ewing ! »

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Arnaud Bertrande
Arnaud Bertrande
Rédacteur en chef — Pole Sport Lafont presse

Drafté en 15ème position par les Knicks de New York en 1999, Frédéric Weis ne jouera finalement jamais en NBA. Le consultant de BeIN SPORTS et RMC Sport en France a accepté de revenir sur ce rendez-vous raté.

Comment aviez-vous vécu la draft 1999 ?

J’étais à l’Euro avec l’équipe de France et on m’avait appelé à 2 heures ou 3 heures du matin pour me l’annoncer. J’aurais aimé être sur place, mais ce n’était pas possible. Le regret, c’est de ne pas avoir reçu la casquette des Knicks. Seuls les quatorze premiers choix de la draft avaient droit à leurs casquettes et moi j’étais le 15ème ! Aujourd’hui, tous les joueurs l’ont, même ceux pris au second tour…

A part New York, d’autres équipes étaient-elles intéressées ?

Utah surtout. Un grand blanc, c’était quelque chose qui leur plaisait et qu’ils avaient déjà connu.

Même s’il n’y a pas eu la casquette, avez-vous gardé des choses de cette draft ?

De la draft, non, mais ensuite je suis parti en Summer League où j’ai reçu pleins de trucs que j’ai gardés. Tout ce qui est estampillé New York, je l’ai encore ! Pour la petite histoire, quand je suis arrivé, je n’avais rien à me mettre, ma valise avait été perdue. Le club m’avait tout donné : le survet, les t-hirts, tout ce qui était possible et imaginable. J’ai tout gardé. Je ne les regarde pas tous les jours, mais je sais que je les ai.

Quel impact avait eu cette draft, vous le 2ème Français drafté au 1er tour après Tariq Abdul-Wahad en 1997 ?

J’étais surtout un des premiers européens à être drafté sans être passé par la NCAA et c’était une vraie fierté. Malheureusement, ça n’avait pas eu un énorme im pact médiatique même si M6 m’avait proposé de me suivre si j’avais été en NBA. Paradoxalement, on est plus heureux aujourd’hui d’avoir des joueurs en NBA alors qu’il y en a beaucoup plus.

Après l’Euro, vous faites la Summer League avec les Knicks.

Je venais de me faire opérer du dos. J’avais rejoint l’équipe de France sans quasiment m’entraîner. Je n’étais donc pas du tout au top avec beaucoup de poids.

A la fin de la Summer League, vous décidez de rentrer un an à Limoges.

En étant choisi 11ème à la draft, j’avais un contrat garanti, mais c’est moi qui ai pris la décision de revenir en France justement car je n’étais pas au top et je voulais retrouver la forme avant d’aller en NBA.

En disputant la Summer League, vous avez découvert un monde différent.

Totalement ! Déjà, ne pas manger avec l’équipe, pour moi, c’était bizarre. On ne pouvait pas prendre l’ascenseur avec une femme seule… Ensuite, avec le coach Van Gundy ce n’était pas l’amour fou…

Et l’anglais ?

Je parle très bien anglais. Simplement, j’étais stressé, il y avait beaucoup de pression à New York et je n’avais personne là-bas pour m’appuyer. En plus, ils faisaient des montages de ce que je disais et on avait l’impression que je ne parlais pas du tout anglais !

N’aviez-vous pas d’agent ?

J’avais normalement deux agents, mais j’en avais un qui était en prison ou en passe d’y aller (Didier Rose, Ndlr) et l’autre qui venait de perdre sa femme ! Je me suis retrouvé complètement esseulé. Le contexte, le timing, peut-être moi qui n’étais pas fait pour la NBA ont fait que, finalement, je n’ai jamais joué avec les Knicks…

Qui voyaient pourtant en vous le successeur de Patrick Ewing !

C’était l’idée. Ils me voyaient comme le remplaçant de Patrick Ewing, un joueur dont j’avais le poster dans ma chambre quand j’étais jeune comme Hakeem Olajuwon ou le Shaq. Sauf que, dès qu’ils m’ont drafté, ils ont viré tout le monde dans le staff, tous ceux qui m’avaient sélectionné. Tout a changé et ils n’étaient plus là pour me faire évoluer. Je n’étais alors plus en odeur de sainteté.

En repartant en France, l’idée était de revenir en NBA un an plus tard. Pourquoi ça ne s’est pas fait ?

Les Knicks m’avaient proposé quatre ans de contrat et c’était l’idée d’y retourner après un an en France. Le problème, c’est que mon agent était toujours en prison et mon agent américain avait perdu sa femme, ce que je n’avais pas compris. Je n’avais donc plus d’interlocuteur. New York aurait demandé que je revienne, mais je ne sais pas à qui, car ils ne me l’ont pas dit en direct.

« Je n’ai pas signé car je n’avais plus d’agent »

Les Knicks ou d’autres équipes ne sont-ils pas revenus ensuite aux nouvelles ?

Il suffisait que je me présente là-bas et je signais ! Simplement, je n’avais pas d’interlocuteur, je ne pouvais donc pas discuter avec eux. Il fallait un agent estampillé NBA et je n’en avais pas ! Le seul que j’avais venait de perdre sa femme et était tombé en dépression… Je n’avais que 22 ans, ce n’était pas évident.

Votre carrière aurait-elle été tout autre si vous aviez joué en NBA ?

Je ne sais pas. La seule chose que je sais, c’est qu’en fin de Summer League, quand je commençais à être plus en forme, ça allait et j’avais même quasiment fait un double-double contre Boston.

Le dunk de Vince Carter sur vous aux JO 2000 a-t-il pu aussi influencer négativement votre avenir en NBA ?

Je ne sais pas à quel niveau ça aurait pu l’influencer ! Des mecs qui se sont faits dunker dessus par Vince Carter, il y en a des millions ! Ce qui a été positif, c’est quand j’ai dominé Luc Longley en demi-finale. Ils se sont rendus compte que je pouvais dominer largement un pivot estampillé NBA.

Etes-vous retourné à New York ?

Oui, en vacances. A la douane, ils m’ont même reconnu !

Rudy Gobert vit-il votre rêve américain ?

Il a des qualités physiques bien supérieures, c’est donc difficile de comparer. En tout cas, je suis content qu’un Français domine autant. Avoir été élu trois fois meilleur défenseur, c’est impressionnant. Il faut être fier de voir un Français faire ça. On va voir ce que va donner son association à Minnesota avec Karl-Anhony Towns. Si ça prend, ça prendra le contrepied de ce qui se fait actuellement en NBA.

Si vous n’avez jamais joué en NBA, vous auriez tout de même touché 947 200 dollars des Knicks… Je n’ai jamais rien touché ! C’était un contrat garanti, mais il aurait fallu que je le signe et comme je ne l’ai jamais signé.

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