PAR PHILIPPE CARNUS? EN DIRECT DES PARALYMPIQUES
Médaille d’or paralympique et record du monde à la clé pour Dorian Foulon en poursuite individuelle (catégorie C5). Il décrit son émotion avec des larmes et des mots forts.
Dorian, deuxième médaille d’or et des larmes…
Oui, des larmes, je les attendais. Déjà ce matin, ce protocole, c’était dur. C’est un truc de fou, je n’ai pas les mots.
Comment est-ce que vous avez abordé cette finale en tant que grand favori ?
C’était très dur psychologiquement, franchement, la pression, ces deux dernières semaines, il n’y avait des hauts et des bas. J’ai beaucoup de psy, cela m’a beaucoup aidé. Ma copine et mon staff était là aussi pour moi. Heureusement que je fais le kilo hier, cela m’a beaucoup rassuré et ce matin je l’ai bien abordé. Je savais que j’étais capable de faire 4’15, je ne m’attendais pas à faire ce temps-là. Par contre, c’était très court entre les deux donc j’ai eu du mal à me remettre dedans. Les 8 derniers tours étaient très dur. Mathieu me disais qu’il est là (son rival à 1 seconde). J’ai tendu les oreilles pour entendre le public, je sentais un souffle derrière moi, je crois que c’était un truc de malade.
Qu’est ce que vous vous êtes dis dans les starts ?
Il ne faut pas avoir de regrets, il fallait tout donner, au pire si je tombe, c’est après la ligne d’arrivée. C’est pour ça que je suis dans le mal maintenant, le résultat est là.
« Le public, c’est un truc de malades »
C’est quoi la différence avec le titre de Tokyo ?
Il y en a beaucoup. J’ai beaucoup évolué, je ne savoure pas pareille. C’était très compliqué. J’ai bien savouré, j’ai évolué, ma performance n’est pas la même. Et puis la grande différence, c’est le public, c’est un truc de malade, c’est fou. Partager cela avec mes proches, ma famille, ma copine, mes grands parents (ils ont plus de 80 ans), mes coachs, c’est incroyable pour la vie d’un sportif.
Que représente cette nouvelle médaille d’or pour vous ?
C’est beaucoup d’abnégation. Pouvoir vivre les Jeux en France, c’est une chance inouïe en France, de pouvoir monter sur la boite, d’être sélectionné… J’ai tellement rêvé. Même le clapping, tu te l’imagines aussi. Mon cri aussi, je l’ai travaillé parce que c’est particulier. C’était plus un cri de rage sur l’instant. C’est dur d’expliquer ce que l’on ressent. C’est tellement dur une vie de sportif, je ne me plains pas mais il y a plus de bas que de hauts. Les gens ne le voient pas forcément. Il y a un an, j’ai pris une claque à Glasgow. Grâce à cela, j’ai réussi une performance aux Jeux. Mes coachs me l’on dit, je ferais 4’15. J’ai encore une marge de progression, j’ai 26 ans et c’est bien pour la suite.
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Sur le podium, on vous a vu incapable de chanter la Marseillaise…
J’ai profité, j’ai marmonné tout simplement. Quand ils appelaient l’Ukrainien et l’Américain, je ne savais pas ce qu’il se passait. Quand j’entendais la Marseillaise et tout le monde qui chantaient, c’était génial, j’ai tout lâché. Quand on voit ce qu’il se passe dans le monde en ce moment, les Jeux c’est un beau principe d’unification.
La suite, c’est quoi ?
Je vais profiter, déjà récupérer. Je commence à récupérer. Je vais aller faire un tour au club France. J’ai trois jours avant mon chrono (de mardi). Je pars ce dimanche pour 3h30 de vélo. Je vais être focus parce que je ne veut pas revivre Tokyo.
Il y a 3 semaines, vous annonciez que vous ne seriez pas sur la vitesse, pour quelles raisons ?
C’est un choix, c’était très dur depuis Rio. Psychologiquement, c’est compliqué d’enchaîner. Mon adversaire principal c’est un Néerlandais et je l’ai annoncé à l’équipe. Je sais qu’il y a du beau monde. Les Chinois ne sont pas au départ. Nous avons une chance de médaille en finale contre les Anglais. Et pourquoi pas faire le doublé sur le contre-la-montre.
Dorian, après la ligne d’arrivée, tu as serré dans tes bras ta famille…
C’était un truc de fou, j’ai serré ma copine, ma famille et mon staff. Je me rappelle de cette image à Tokyo à distance, c’était pas la même chose. Là, c’était un moment inouïe. Je n’avais pas vu ma famille depuis le mois de mai. J’ai entendu aussi une chanson à mon nom. J’ai vu des potes qui sont venus du Pays Basque, des gens que j’entendais qui étaient là. C’est un truc de dingue.