PAR PHILIPPE CARNUS, EN DIRECT DES PARALYMPIQUES
Après le magnifique exploit d’Aurélie Aubert, championne du monde de Boccia en battant la n°2 mondiale en finale, l’entraîneur national de Boccia avait du mal à cacher son bonheur. Il nous explique avoir toujours cru en elle.
Samuel, quelle impression avez-vous ?
Je passe par beaucoup d’émotions. Quand elle décide d’arrêter de jouer alors qu’il y a encore une balle… J’étais déjà fier d’elle avant le début du match. J’ai cru en elle avant le début de la compétition. Elle n’était pas dans le top, elle partait 11ème sur 12. Je savais que cela pouvait le faire. Elle s’est servi sur toute cette compétition ce qu’on a pu lui apporter avec le staff. Elle avait tout ce qu’il fallait pour aller décrocher une médaille. Ce matin, une médaille d’or, j’en étais persuadé.
Quelles sont les qualités d’Aurélie ?
Elle a une superbe vision de jeu. Elle a superbement progressé sur son jeu long et son endurance qui étaient des défauts. Sur la gestion de son stress, elle a fait un travail énorme. Le public et le bruit l’on vachement portés. Elle a une capacité à se mettre dans sa bulle et se concentrer sur chaque balle.
Elle avait l’air hyper solide mentalement sur la rencontre…
Mentalement, elle était hyper solide comme sur tous les autres matchs de la compétition. Elle a fait un gros travail avec sa préparatrice mentale. On n’aurait pas misé, il y a quelques années sur son mental. On ne peut être que fier d’elle.
Sur la fin, Aurélie a même oublié que son adversaire avait une boule…
Sur la fin, elle a un petit manque de lucidité. Je pense qu’elle ne voyait pas bien. Elle a compris qu’il y avait un truc, elle ne sautait pas de joie. L’émotion a créé un petit bug, elle aurait dû continuer. Heureusement, elle a fait tout ce qu’il fallait avant pour avoir un match comme cela.
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Est-ce que vous pouvez nous dire la place de la France dans le paysage de la boccia international ?
En France, on joue depuis les années 2010. C’est la deuxième participation de la France dans cette compétition. C’est la première participation de la catégorie d’Aurélie, BC1 et BC2 aux Jeux Paralympiques de Paris. On arrive sur ces jeux pas favoris. Nous préparons les athlètes pour donner le maximum. Tout le staff croyait en Aurélie même si l’on n’est pas favori sur le papier. On croit en eux et on pense faire une bonne chose pour la compétition par équipe.
« Aurélie, elle vit Boccia, elle mange Boccia. »
Il y a également une vraie volonté de développer la boccia en France…
Oui, nous avons 3600 licenciés handisport en France. Il y a la volonté de développer la connaissance de ce sport en France. C’est le plus important dans la fédération handisport. Tout le monde a le droit de la pratiquer. On veut que ce soit connu par tout le monde au-delà du monde handisport. On voit la ferveur du public, on est pris aux tripes.
Il y a des stages des Équipes de France, comment cela se passe ?
Oui, il y a des stages Équipes de France. Avec les jeux paralympiques, il y avait davantage de rassemblements et de compétitions internationales avant ce rendez-vous. Nous avons des échanges avec les entraîneurs pour suivre leur évolution. On les suit au quotidien, ils ont un programme à suivre, on regarde leurs performances. On est constamment en lien avec eux.
Ils ont aussi des tournois internationaux réguliers et se qualifient en fonction de leur performance…
Tout à fait, nous avons des tournois internationaux, 4 par an. Puis on cale des stages entre ces sessions internationales. On les organise en fonction du calendrier international que l’on reçoit en fin d’année civile.
Les tournois sont à la charge du para-athlète, comment cela s’organise ?
Les compétitions de référence (Championnat d’Europe, Championnat du monde, Jeux Paralympiques), sont prises en charge par la Fédération ou le CPSF. Après, c’est sur le budget de la commission. Étant donné qu’il est restreint, les joueurs ont une participation à leur charge pour partir sur les compétitions, dites mineures, mais indispensables pour se rendre sur les compétitions de référence et gagner des points.
Aurélie va-t-elle gagner des points au classement ?
Elle va gagner des points, au classement individuel qui va être énorme. Elle est 13ème au ranking international. Elle va monter dans le top 5. Sur les compétitions mineures, elle va être tête de série. C’est un statut qui n’est pas facile à tenir. Si on passe, on va aussi sur les étapes d’après contre des adversaires plus faible. Sur un match, on leur dit que l’on commence à 0-0 et l’on ne tient pas compte du niveau de l’adversaire. Il faut gager la manche et le match.
Elle avait gagné des tournois précédemment…
Aurélie n’a jamais fait de médaille d’or. Elle avait gagné une médaille de bronze à Posnan en world challenger, c’est le premier niveau de compétition international. Elle a ensuite glané une médaille d’argent à Zagreb en 2023. C’est sa première médaille d’or au jeu paralympiques, c’est magnifique, ça récompense son travail. C’est la plus belle médaille pour un athlète.
Sa vie va changer, mentalement, est-ce que vous la sentez prête pour affronter la déferlante ?
Elle a fait un travail énorme. Pour tout ce qui va arriver autour, on va l’accompagner au maximum. Elle met en lumière notre sport et son travail. Quand il faudra se mettre dans sa bulle, elle saura faire. Je sais que Claudine (sa coach) va l’aider.
Au quotidien, elle est rigolote, elle est ouverte…
Elle est très cash, quand elle a quelque chose à nous dire, elle le dit. Elle sait ce qu’elle veut. Elle met en place ce qu’on lui propose. Elle avait un objectif, c’était la médaille, elle est venue pour cela. Aurélie, quand elle a un objectif, elle fait tout pour l’atteindre. Elle vit Boccia, elle mange Boccia.