vendredi 26 avril 2024

Rétro : Tatarusanu, Fabri, Yepes, Burruchaga, Halilhodzic… Ces Nantais venus de l’étranger

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

Tout ce qu’il n’a pas pu former lui-même, le FC Nantes est allé le chercher ailleurs, principalement entre le continent sud-américain et l’Europe de l’est. Longtemps, ce fut en argentine, où le directeur sportif, Robert Budzynski avait ses entrées. Mais pas que…

LES GARDIENS : En espérant Tatarusanu

Les derniers remparts étrangers qui ont marqué l’histoire du club sont aussi rares qu’un soir de défaite à Marcel Saupin à la fin des années 70. A leur décharge, la présence plus qu’envahissante de deux monstres sacrés, Bertrand-Demanes et Landreau, qui, après l’ère Daniel Eon (1960-1968), ont à eux deux monopolisé les buts nantais pendant plus de trente ans.

Dans l’intervalle, difficile de se faire une place, tous ceux qui s’y essayèrent, échouèrent. Ainsi du pourtant très expérimenté et international serbe Vladimir Stojkovic, arrivé de l’Etoile Rouge de Belgrade en 2006 (à 23 ans), pour assurer la succession de Landreau.

Mais l’instabilité d’un club en pleine déconfiture (3 changements de coach) et surtout le recrutement en cours de saison de Barthez, écourtèrent son passage en Loire-Atlantique où il ne jouera que onze matches.

Lubos Kamenar (Slovaquie) n’a joué qu’en L2 (36 matches entre 2009 et 2011) et partage avec le Suisse Jean-Claude Milani (4 matches comme doublure entre 1988 et 1990) le privilège d’avoir été un des rares portiers étrangers du FC Nantes.

Et avant de cerner le véritable potentiel du très prometteur Ciprian Tatarusanu, l’une des révélations de ce début de saison 2017/2018, Guy Roland Ndy Assembe aura certainement été le plus… percévérant à défaut d’être le plus convaincant.

Venu de l’ASPTT Nantes, le Camerounais est devenu international grâce à ses prestations dans une équipe où il aura su profiter des nombreuses blessures (Briant, Heurtebis, Alonzo) pour sortir de son rôle de doublure.

LES DÉFENSEURS : L’axe sud-américain

Dans le sillage de l’Argentin Nestor Fabbri (1998-2002), le Colombien Mario Yepes (2001-2004) a entretenu une tradition sud-américaine qui avait débuté avec Hugo Bargas (1972-1979), qui s’est poursuivie avec Enzo Trossero (19791981), également utilisé en milieu défensif, pour offrir en héritage (voir pages 8081) ces valeurs pleines de grinta et de duels gagnés à Mauro Cetto (20022007), le dernier grand défenseur venu d’Amsud à poser ses valises à la Jonelière.

En charnière centrale avec Gardon et Rio, qui assumaient plutôt le côté défensif du duo, Bargas a été deux fois champion de France (1973 et 1977) avant et après la Coupe du monde qu’il disputa avec l’Albiceleste en Allemagne.

Il quitta le club en 1979 après la victoire en finale de la Coupe de France. Comme Fabbri plus tard, il fut recruté par Budzynski, lui même ancien défenseur central, qui aimait beaucoup le tempérament argentin, sa dualité, cette capacité à être à la fois dans le combat et la créativité.

Ainsi fut Fabbri, arrivé de Boca Juniors en 1998, membre de la sélection argentine finaliste de la Coupe du Monde en 1990 et qui gagna deux Coupes de France (1999 et 2000), un titre de champion de France avec Nantes… et un surnom « El Présidente » !

Arrivé de River Plate en 2002, Mario Yepes, international colombien, n’avait pas moins de qualités, mais il tomba sur un club en pleine crise qui se séparait de Denoueix et entrait dans une zone de grande turbulence.

Malgré ça, il parvint, avec le jeune Mauro Cetto (tout nouveau champion du monde U20 avec l’Argentine), à une demi-finale de Coupe de France et une finale de Coupe de la Ligue en 2004, élu dans la défense type de L1 et recruté par le PSG où il restera quatre ans.

« Yepes et Fabbri ont été des modèles, reconnaît Cetto. J’étais jeune, je découvrais le football français, et ils m’impressionnaient par leur présence, leur confiance. J’ai d’abord évolué sur le côté avant de me recentrer à leur départ. Leur carrière parle pour eux, celle de Fabbri était plutôt derrière lui, celle de Yepes montait en puissance. Ils étaient vraiment dans un style proche avec beaucoup de mental et d’engagement dans tout ce qu’ils faisaient. »

LES MILIEUX : Burruchaga et N’Doram au-dessus du lot

Raynald Denoueix parle de « la salle des machines » quand il évoque les postes du milieu de terrain où, à Nantes encore plus qu’ailleurs, tout se fait et tout se construit.

Enormément de joueurs étant issus du centre de formation à ces postes clés, les recrues étrangères ont été moins nombreuses.

« Mais celles qui ont réussi à s’imposer ont prouvé qu’elles adhéraient et étaient compatibles avec le style de jeu du club. Un signe d’intelligence et de talent » pour Mauro Cetto qui reste nostalgique de son compatriote, Jorge Burruchaga, « l’un des meilleurs joueurs à avoir porté le maillot du club, un de ceux qui ont le mieux symbolisé notre jeu » selon coach Denoueix.

Le futur champion du monde 1986, lieutenant étincelant de Maradona au Mexique, avait 23 ans quand il a signé à Nantes… sans forcément penser y faire de vieux os. Il y sera finalement resté sept saisons (142 matches, 27 buts) entre 1985 et 1992, à la fin du premier volet Suaudeau, avant son retour aux affaires.

Une grave blessure le coupe dans son élan et ternit un bilan statistique mitigé qui ne remet pas en cause son talent et la trace laissée pour les générations futures.

Si le passage de l’international belge, Franckie Vercauteren (1987-1990), dans la même période, n’a pas été transcendant malgré la classe du gaucher venu d’Anderlecht, celui de Japhet N’Doram, arrivé dans l’indifférence générale en 1990, aura été un des plus remarquables de l’histoire du club.

Et d’abord parce que le Tchadien a réussi à apprivoiser ce style de jeu à la nantaise après lequel le club courait désespérément depuis le dernier titre de 1983.

« Mieux, Japhet a transcendé le collectif grâce à son sens du jeu, son humilité, sa classe balle au pied, son efficacité aussi, rappelle Dominique Casagrande. Il était notre grand frère à tous, un modèle d’exemplarité sur et en dehors du terrain. »

Le sage a disputé plus de 230 matches au FCN (90 buts) pour un titre, le plus beau, celui de 1995 et une demi-finale de Ligue des Champions qui demeure le sommet européen du club certainement pour longtemps encore.

Avec le duo Burruchaga N’Doram, on n’oublie pas la vista de Salomon Olembe, international camerounais qui, entre deux CAN remportées (2000 et 2002) a aussi gagné deux Coupes de France (1999 et 2000) et le titre de 2001 dans un rôle excentré qui en faisait un contreattaquant redoutable et un passeur efficace.

Entre 1975 et 1984, Oscar Muller aura été de tous les combats d’un club que son père, Ramon, avait déjà largement marqué de son empreinte argentine, mais comme attaquant.

Pendant un décennie, le milieu de terrain fut un relais fiable pour ses coachs, un maillon fort qui apporta toute sa gnaque à une équipe qui fut trois fois championne de France (1977, 1980 et 1983) pour une Coupe de France en 1979.

Enfant de Marcel Saupin, l’ultime tribune de l’ancienne enceinte des bordures d’Erdre porte aujourd’hui son nom. Personne n’a oublié Oscar Muller (décédé d’un accident de voiture en 2005 sur l’île de la Réunion) à Nantes, et aussi parce qu’il remporta deux Coupes Gambardella (1974-1975).

LES ATTAQUANTS : Vahid et les autres…

« Un buteur, ça ne se fabrique pas. Le sens du but, vous l’avez ou vous ne l’avez pas ! » Cette sentence irrévocable est de Vahid Halilhodzic, le buteur des années 80, deux fois roi de D1 (83 et 85).

Et c’est justement parce que le centre de formation ne trouvait pas de successeur à Eric Pécout, parti sur Monaco en 1981, que le club est allé chercher l’international yougoslave une fois ses 28 ans passés.

La greffe fut longue à prendre, qui passa par quelques mémorables engueulades entre le joueur et son coach, Suaudeau, mais le résultat fut édifiant avec une centaine de buts marqués en cinq saisons pour celui qui reste encore, et de loin, le meilleur buteur étranger de l’histoire du club.

Il faut remonter aux années 60 pour trouver ses dauphins, les deux Argentins, Rafael Santos et Angel Marcos. Le premier fut des titres de 1965 et de 1966 (33 buts en 71 matches), le second de celui de 1973 (36 buts en 82 matches).

Dans le même registre, Victor Trossero gagna la Coupe de France en 1979 et le titre en 1980 pour deux saisons pleines (23 buts en 50 matches), et Viorel Moldovan en fit de même en 2001 pour quatre années (20002004), 50 buts en 94 matches.

Dans un style atypique qui se mariait bien à l’expression collective du groupe de Denoueix, le Roumain fit l’unanimité.

« J’adorais jouer avec lui, insiste Eric Carrière, car il était très intelligent dans ses déplacements, et se mettait toujours au service de l’équipe. »

Un buteur au sens collectif aiguisé, une perle rare donc, qui a laissé un bon souvenir à la Beaujoire. Meilleur que le pourtant très talentueux Robert Gadocha, icône du football polonais des années 70, champion olympique en 1972, troisième de la Coupe du Monde 1974, et qui fit, à 28 ans, un passage remarqué, à défaut d’être remarquable, à Nantes entre janvier 1975 et 1977 (45 matches, 8 buts).

Juste le temps pour le génial gaucher que Budzynski avait chipé au Bayern et à Barcelone -, de croiser Hugo Curioni, buteur argentin dont l’individualisme avait fini par convaincre José Arribas de le transférer à Metz où il allait exploser tous les compteurs. Pas facile d’être un buteur dans un club où le collectif est roi.

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