vendredi 26 avril 2024

Thierry Anti (Aix) nous explique pourquoi il dit stop !

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Après sa fin d’aventure à Aix, Thierry Anti (64 ans) est loin d’être anéanti. Il se remémore 35 ans de carrière de coach et se projette sur de nouveaux projets. Entretien pour Handball magazine et Le Quotidien Du Sport.

A 64 ans, vous venez d’officialiser votre fin de carrière de coach. Pourquoi l’avez-vous fait à ce moment-là ?

Car j’estimais que c’était le moment de passer à autre chose. Normalement, je devais continuer jusqu’en 2024. Je parle là du métier d’entraîneur principal d’un club. Finalement, certains événements se sont un peu précipités. Là, je ne me vois pas repartir ailleurs pour faire un an de plus. Donc je me suis dit que, automatiquement, ce serait fini.

J’ai eu cette chance de passer de joueur à entraîneur. Je n’ai jamais vraiment connu de rupture avec le rythme de la compétition. Ce n’est pas toujours facile de se couper de ce rythme. On appelle cela la petite mort du sportif. Mais j’ai décidé d’arrêter le circus (sic). On est pris tous les jours, on voyage, on part, on revient… Les saisons s’enchaînent.

Quels sont vos projets ?

Je m’étais dit qu’à partir de 2024 et donc cela vient plus tôt, j’avais envie d’être dans l’accompagnement, le conseil, l’audit pour certains clubs, d’être cette sorte de coach de coach, d’être ce conseiller de club. Ensuite pourquoi pas être consultant télé. Et pourquoi pas prendre une sélection nationale aussi. Ce n’est pas du tout le même rythme qu’en club, à fortiori quand il est européen. Pourquoi pas également accepter des missions à l’international pour continuer à aider au développement du handball. J’ai monté récemment une société de consulting. Tout s’accélère.

On a parlé d’un futur rôle de conseiller à Chartres. Qu’en est-il ?

Plusieurs clubs m’ont sollicité pour continuer à être entraîneur. J’ai refusé. Quand j’ai ensuite exposé ce que j’entendais faire à l’avenir, deux, trois clubs se sont montrés à l’écoute, dont Chartres. Aider les jeunes coachs qui sont dans la carrière me semble important. Je peux contribuer aussi pour aider un club à se transformer, à évoluer ou à s’organiser. C’est en particulier le cas à Chartres avec l’arrivée d’une nouvelle salle.

« Il y a trop de joueurs qui donnent leur avis sur le jeu et l’entraînement »

Vous êtes également président du syndicat des entraîneurs depuis 20 ans. Une mission qui vous tient à cœur.

Avec l’évolution du handball actuel, la fonction d’entraîneur se fragilise de plus en plus. Il y a un développement économique des clubs qui impose une obligation de résultats croissante générant de l’impatience. Les places sont très chères en Coupe d’Europe. Alors est-ce aussi dû à la pression des partenaires, des spectateurs, des commentaires sur les réseaux sociaux ? En tout cas, on devient exigeant trop vite avec les entraîneurs. Il est difficile parfois de changer certains joueurs cadres d’une équipe.

C’est plus commode de le faire avec un entraîneur. Je ne sais pas si on laisse ou on laissera le temps à l’entraîneur de faire le travail qu’il veut. On lui demande des résultats quasi immédiats. Ce sera encore plus difficile pour de jeunes entraîneurs qui ont besoin de prendre de l’expérience. La solution peut consister à aller chercher des entraîneurs étrangers. Ils savent pourquoi ils sont là. Ils viennent pour le contrat et cela peut devenir plus simple de s’en séparer.

En l’espace de dix ans, l’acceptation du message par les joueurs a-t-elle changée ?

Complètement ! Aujourd’hui, il y a trop de joueurs qui donnent leur avis sur le jeu et l’entraînement. Ils feraient plutôt mieux parfois de se pencher sur leurs performances sur le terrain… Un joueur est d’abord là pour jouer. Que les joueurs participent parfois au projet de jeu, tous les entraîneurs l’ont compris. Mais aujourd’hui ils sont payés pour jouer et pour être performants en tant que joueur. C’est un aspect qu’une grande catégorie de joueurs oublie trop.

Il s’est dit qu’à Aix votre message avait de plus en plus de mal à passer auprès des joueurs…

Il y a deux ans, on a fait 4ème, le meilleur classement du club. Puis on a fait 3ème l’an dernier, une performance incroyable pour un club comme Aix. Alors pourquoi cette année cela n’a pas fonctionné ? Ce sont des sujets sur lesquels je ne veux pas discuter. Mais je ne crois vraiment pas que j’ai changé, dans ma façon de fonctionner. J’ai au contraire beaucoup évolué dans ma carrière. Je ne suis pas buté. En l’espace de six mois, des gens ont peut-être changé, mais pas moi.

Thierry Anti amer sur sa dernière saison à Aix

Quel est votre plus beau souvenir de carrière ?

Des clubs m’ont profondément marqué comme Créteil et Nantes. Mais j’ai éprouvé aussi de belles joies à Pontault-Combault, Paris, à Lisbonne, Aix. J’ai eu une carrière riche. J’ai eu beaucoup de plaisir à fréquenter différents clubs, différents types de joueurs, différentes générations, différents dirigeants. Avoir accompli cela pendant 35 ans constitue probablement mon plus beau souvenir.

J’ai été assez comblé dans ma carrière même si j’aurais aimé gagner beaucoup plus de titres. J’ai plus de 200 matches en Coupe d’Europe derrière moi. Cela m’a beaucoup enrichi. J’ai perdu quatre finales de Coupe d’Europe (en 1989, 2013, 2016, 2018, Ndlr). C’est probablement mon plus gros regret. J’aurais au moins aimé en gagner une…

Et coacher l’équipe de France, cela ne s’est-il jamais présenté ?

Si, à deux ou trois reprises. J’étais même proche de prendre l’équipe nationale. A un moment donné, il y aurait pu y avoir une ouverture au moment du Mondial 2005 et lors des JO 2008 et autour de la période du COVID. Quand on a bâti les Jeux pour 2012 et que Paris a perdu l’organisation, contre Londres, cela a eu une grande incidence dans ma carrière. Je n’ai pourtant pas de regrets. L’équipe de France n’a pas eu à s’en plaindre non plus. Elle est multi titrée. Après, je pense que j’avais les compétences comme d’autres pour la diriger.

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