mercredi 24 avril 2024

Christophe Laporte (Jumbo-Visma) : « Je vais avoir encore plus de liberté »

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Eric Mendes
Eric Mendes
Journaliste

Il a été le Français le plus en vue sur l’année 2022, Christophe Laporte a confirmé tout son talent sous les couleurs de la Jumbo-Visma. Capable d’être un coéquipier exemplaire pour van Aert et Vingegaard, il a aussi réussi à remporter de belles victoires, notamment sur le Tour de France. En 2023, il est évident que le Français fera tout pour continuer à accrocher ses rêves.

Comment s’est passée cette intersaison pour vous ?

Tout s’est bien passé. Même si j’ai été un peu malade, ce qui a ralenti ma préparation et ma reprise. Mais, dans l’ensemble, tout va pour le mieux.

Comment abordez-vous cette nouvelle année ?

Comme d’habitude (sourire). Cela a commencé par une bonne période de repos. Cela a été un peu perturbé, mais j’ai pris le temps pour me préparer comme il faut pour cette nouvelle saison.

Après avoir connu une magnifique saison 2022, est-ce facile de basculer sur une nouvelle saison ?

Tout cela fait partie du passé. C’est derrière. On va essayer de faire mieux que l’année passée. Cela ne va pas être simple. J’ai savouré cette belle année 2022. Je suis maintenant concentré sur cette nouvelle saison avec envie et ambition. C’est un éternel recommencement. On repart un peu de zéro.

Il y a un an, si on vous avait dit que vous alliez vivre une telle année 2022 avec une victoire d’étape sur le Tour de France, remporté par votre leader, une médaille mondiale… auriez-vous cru cela possible pour votre première saison sous les couleurs de la Jumbo-Visma ?

J’aurais signé tout de suite ! (rires) J’aurais pu y croire. J’aurais tout fait pour y être si on m’avait dit que j’allais vivre autant de belles émotions fortes. Tout est positif. C’est une saison assez exceptionnelle d’un point de vue personnel, mais aussi pour mon équipe.

Christophe Laporte dans la continuité du Tour de France 2022

Comment vivez-vous le fait d’être considéré comme l’une des meilleures recrues, si ce n’est la meilleure recrue du peloton pour cette année passée ?

C’est flatteur. Ça fait plaisir. Cela montre que j’ai pris une bonne décision. Ça me réconforte là-dessus même si je n’avais pas de doute. Contrairement à beaucoup de gens… Ça fait du bien. Ça valide un choix de carrière.

Quand on décide de quitter une équipe comme Cofidis après autant d’années, cela rebat-il les cartes concernant l’approche de son métier ?

Ce sont des nouveaux objectifs que l’on souhaite atteindre. Ça fait du bien dans une carrière même si je suis, à la base, quelqu’un d’assez fidèle. J’ai passé huit années chez Cofidis. Mais ça fait du bien de changer et de

devoir prouver encore plein de choses. J’ai découvert de nouvelles méthodes, une autre approche. Je suis quasiment reparti de zéro. Quand on repart dans une nouvelle équipe, surtout étrangère, c’est différent. C’est un nouveau challenge à relever.

Qu’est-ce qui a été le plus compliqué à gérer ?

Au début, la langue. Tout est en anglais. Quand je suis arrivé, je parlais très peu anglais. Maintenant, ça va beaucoup mieux. Ce n’était pas tout le temps facile. Cela étant, tout le reste s’est bien passé. Ce n’était pas compliqué.

Et le plus simple ?

La cohabitation avec le staff, l’entraîneur et les autres coureurs. J’ai été très bien accueilli. Je me suis senti très intégré. C’est plaisant. D’autant plus que je ne connaissais personne en arrivant. Il n’y avait aucun français. J’arrivais dans une équipe qui se connaissait bien avec une majorité de Néerlandais. J’étais un peu comme un cheveu sur la soupe. Mais je n’ai pas senti de différence.

« Je n’avais pas de doutes sur mon choix de rejoindre Jumbo-Visma, contrairement à certains… »

Avez-vous ressenti un déclic sur une course ou un moment en particulier qui vous permettait de croire en une bonne saison ?

C’est dur à dire… Mais, dès la première course, à Kuurne-Bruxelles-Kuurne (il termine 8ème, Ndlr), c’était plutôt pas mal alors que sur le stage de janvier, j’avais eu la Covid. Je ne m’étais pas entraîné pendant une semaine, j’étais bien fatigué. Cela avait bien freiné ma préparation. Puis j’ai enchaîné un stage en altitude et c’était compliqué. Je me suis senti bien sur les derniers jours du stage et j’ai tout de suite cru que cela pouvait être de bon augure pour la suite. Il ne me manquait que des points de comparaison. Puis à Kuurne, j’ai senti que j’étais au niveau.

N’avez-vous pas des petites déceptions comme sur Gent-Wevelgem où vous terminez deuxième ?

On peut le dire. J’avais le niveau, je pense, pour gagner une Classique. On est arrivé à accrocher les deux premières places à E3 Saxo Bank Classic avec Wout (Van Aert), je considère que c’est comme une victoire. Mais c’est sûr qu’il y a des petites déceptions comme Gent-Wevelgem. C’est une course que j’aurais aimé gagner. Ce n’est pas facile tout le temps. Il faut être en jambes le Jour J et être bon tactiquement.

Christophe Laporte en grande confiance

Du fait de cette bonne année, pensez-vous que vous pouvez encore viser plus haut et voir plus grand dans vos objectifs ?

Les objectifs deviennent un peu plus réalisables. Je m’en rapproche de plus en plus. J’avais comme objectifs de carrière de remporter une étape du Tour, c’est désormais chose faite. De gagner une Classique, je m’en rapproche. On l’a vu l’an passé. C’est faisable. La confiance est là.

Au niveau de l’équipe, allez-vous gagner du crédit sur certaines courses ?

J’ai gagné en confiance plus qu’en crédit. L’équipe croyait en moi déjà. Je vais sûrement avoir plus de liberté même si j’en avais avant. L’équipe m’a fait rapidement confiance.

Est-ce également voulu de gagner d’une manière que l’on apprécie en France, avec panache ?

(Sourire) J’espère que cela fait plaisir aux gens. On ne choisit pas tout le temps la manière dont on va gagner, mais cela reflète la façon de courir de l’équipe. On est un peu agressif avec beaucoup de mouvements et des attaques. On n’attend pas de voir ce que font les autres avant d’agir. Ça va dans la ligne de courir de l’équipe. J’apprécie cela.

« J’avais comme objectifs de remporter une étape du Tour, c’est désormais chose faite. De gagner une Classique, je m’en rapproche »

Avec le temps, avez-vous pris conscience que vous êtes aujourd’hui un vainqueur d’étape sur le Tour de France ?

Sur le coup, c’est dur de réaliser et à s’en rendre compte. C’est beaucoup d’émotions et de travail derrière. On a beaucoup de sollicitations ensuite. On se rend compte de l’importance d’une telle victoire. Tout est multiplié par 100 par rapport à une course normale. Avec le recul, on arrive à s’en rendre compte. Sur la course, on est dans notre bulle. Il faut arriver à en sortir pour avoir ce recul-là et savourer un peu plus ce que l’on a fait.

Quels sont les objectifs en 2023 ?

Premièrement, les Classiques. C’est un gros objectif de l’équipe avec le Tour des Flandres, Paris-Roubaix ou Milan-San Remo. Ce sont des courses que j’affectionne. Personnellement, je rêve d’en remporter une. Paris-Roubaix et le Tour des Flandres sont les deux gros objectifs du début de saison. Je vais avoir un peu le même programme.

Sentez-vous que l’équipe est capable de répondre à tous ces objectifs ?

On a un gros collectif. On l’a prouvé l’an passé. On récupère Dylan (van Baarle) qui a remporté Paris-Roubaix en 2022. Il n’a plus rien à prouver. Il avait aussi fini 2ème du Tour des Flandres. On repart de zéro. Il faut tout reconstruire. On doit de nouveau prouver. On veut encore faire de belles choses tous ensemble.

Et démarrer une saison comme coéquipier du vainqueur sortant du Tour de France…

Ça change. Ça donne confiance, mais on y croyait. On savait que Jonas (Vingegaard) était capable de le faire. Mais entre croire et le faire, il y a toujours une différence. C’est une motivation plus importante.

« J’espère faire partie de l’équipe qui sera sur le Tour de France 2023 »

Que pensez-vous du parcours du Tour 2023 ?

J’espère en faire partie et que l’équipe me fera une nouvelle fois confiance. Je n’ai pas encore tout analysé, mais c’est assez concentré. Il y aura toujours des étapes qui me correspondent même si 90% de mon travail sera comme équipier. On a pas mal de bons coureurs dans l’équipe pour faire de belles choses. On n’a pas un leader par rapport à un palmarès. Tout le monde se sacrifie pour les objectifs de l’équipe.

Avec un contrat terminant en 2023, parlez-vous déjà d’une prolongation de contrat avec Jumbo-Visma ?

On va voir comment ça va se dérouler. On a encore un peu de temps. C’est une question de choix. On verra. On a le temps.

Espérez-vous accrocher un maillot bleu-blanc-rouge prochainement ?

J’aimerais bien de remporter les championnats de France. Je ne l’ai pas fait l’an passé. C’est une course que j’affectionne avec un maillot particulier. Et si j’enchaîne avec des Mondiaux avec l’équipe de France, ce sera avec un énorme plaisir.

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