Après deux participations incomplètes, Mathieu van der Poel a fait du Tour de France un objectif majeur de sa saison avec l’ambition d’aller jusqu’à Paris pour la première fois de sa carrière. D’autant plus que cette édition 2023 ne manquera pas de clins d’œil personnels pour le Néerlandais qui retrouvera les terres de son glorieux grand-père ; Raymond Poulidor. Entretien pour Cyclisme magazine et Le Quotidien Du Sport.
Comment s’est passée votre préparation pour le Tour ?
J’ai pris le temps de bien faire les choses. Après la première partie de l’année, j’ai pris du repos, notamment après Paris-Roubaix, avant de m’atteler à la préparation du Tour de France avec des camps d’entraînement et des reconnaissances du parcours. Tout va bien. On a pu avancer tranquillement.
Etait-ce simple de remettre la machine en route après vos premiers mois fantastiques que ce soit sur route avec des victoires sur Milan-San Remo et Paris-Roubaix, mais également en cyclo-cross avec le titre mondial remporté en février ?
Ce n’était pas si difficile. J’ai vraiment vécu la saison des Classiques de la meilleure des façons. Les bons résultats aident forcément à avancer et à repartir vers de nouveaux objectifs. J’ai fait de bonnes semaines d’entraînement. Je pense que j’ai pu récupérer comme il fallait pour ensuite me préparer comme il faut pour cette deuxième partie de saison.
Mathieu Van Der Poel cherche la performance sur le Tour de France
Le Tour de France prend-il une saveur particulière après vos bons résultats du début de saison ?
Tout le monde sait que les Classiques sont très importantes pour moi. Tout comme le titre de champion du monde. Mais il est évident que l’évènement se rapproche et je sens que le Tour prend de l’importance également. C’est la première année où je me permets de faire une bonne préparation en prévision du Tour de France. Je n’avais rien d’autre à penser.
J’ai l’ambition de faire mon meilleur Tour possible. Je sais que le niveau sera très relevé ; Je fais confiance en mon équipe pour m’aider à bien y figurer ; Je vais donner mon meilleur. Je suis aussi bien que lorsque j’attaque les Classiques. J’avais hâte de recourir après une longue période d’arrêt. J’avais déjà eu le même investissement durant l’hiver pour être prêt sur mes premières courses. Après Paris-Roubaix, on a décidé de couper avant de rebasculer sur une préparation pour le Tour de France. Je vais tout faire pour réussir mes objectifs de deuxième partie de saison.
« Je veux aller au bout »
Quels sont vos objectifs sur ce Tour de France ?
J’ai fait une bonne préparation pour m’accorder le plus de chance possible. Le Grand Départ à Bilbao sera difficile pour beaucoup. Je vais faire en sorte de passer au mieux les premiers jours. Ce ne sera pas simple pour les spécialistes de Classiques. On va se donner la chance pour aller décrocher une étape. C’est l’objectif premier. Je n’aurai pas vraiment de pression.
Espérez-vous viser le maillot vert sur ce Tour ?
Non, si je le fais, c’est pour aider Jasper Philipsen. C’est son objectif et je suis heureux de pouvoir l’y aider.
Le fait que les championnats du monde sur route, à Glasgow, arrivent rapidement après le Tour peut-il vous faire changer vos plans durant le Tour ?
C’est difficile de l’affirmer, mais ma préparation n’a rien à voir avec celle de l’an passé. Après les Classiques, j’ai pu recharger les batteries. Cela m’a permis de récupérer de l’énergie qui va me permettre de penser aussi bien au Tour, tout en allant jusqu’au bout de la course, puis aux Mondiaux de Glasgow.
Comment allez-vous vivre la journée qui mènera le peloton jusqu’au Puy de Dôme ? Ce sera forcément spécial de suivre une nouvelle fois les roues de votre grand-père, Raymond Poulidor, dans cette montée qui a fait sa légende…
Ce sera un jour spécial. On passera aussi dans le village où mon grand-père vivait. J’y ai passé pas mal de temps quand j’étais plus jeune. C’est une étape que j’attends particulièrement, mais je ne pense pas avoir les capacités d’aller gagner en haut du Puy de Dôme. Je vais juste essayer de donner le meilleur de moi et profiter un maximum de cette journée unique et spéciale.
Avez-vous récupéré de vos problèmes de dos ?
Je travaille encore beaucoup dessus, mais ça va mieux. C’était déjà le cas avant les Classiques. Je prends le temps de me reposer et de me soigner. Je suis de mieux en mieux. On est sur le bon chemin. Je sais que ce Tour avec beaucoup de montagne risque d’être compliqué, mais je suis prêt à m’accrocher.
« Le Puy de Dôme ? Ce sera forcément spécial »
Sentez-vous que votre popularité a encore augmenté avec votre victoire sur Paris-Roubaix ?
Je pense qu’il y a toujours plus populaire que moi. Ce n’est pas quelque chose qui m’occupe et me préoccupe au quotidien. Par exemple, aux Pays-Bas, Max Verstappen reste plus populaire (sourire).
Comment imaginez-vous ce Tour 2023 ?
J’espère vraiment y prendre du plaisir et réussir une belle course. Je vais essayer de donner tout pour remporter une étape. Ce sera déjà bien. Je vais tout faire pour aller sur Paris et enchaîner derrière avec les Mondiaux.
Sentez-vous que l’expérience augmentant, vous arrivez à maintenant appréhender mieux une course comme le Tour de France ?
C’est sûr que ça va mieux que la première fois. J’arrive à faire la part des choses. D’autant plus que le niveau est de plus en plus relevé. Il faut savoir se préparer de la meilleure des façons. J’ai pu faire une bonne période d’entraînement pour être au top sur le Tour. L’équipe a préféré que je fasse moins de courses. C’est une approche différente. On verra si cela se confirme, mais j’ai apprécié. J’espère avoir mis toutes les chances de mon côté pour réussir un grand Tour de France.
Comment voyez-vous la bataille entre les favoris comme Pogacar et Vingegaard ?
Ce sera différent de la période des Classiques pour eux, notamment pour Tadej (Pogacar) qui aura d’autres ambitions que les miennes sur ce Tour de France. Il a déjà prouvé qu’il savait faire de grandes choses sur la Grande Boucle et il va tout mettre en œuvre pour le confirmer cette année.