Les Bleus sont passés tout près de l’exploit contre l’Allemagne (ex-RFA) en demi-finales lors du Mondial espagnol. Cette rencontre a surtout été marquée par l’agression du gardien Schumacher sur Patrick Battiston. Mais pas que. Retour sur une partie qui reste comme l’une des plus épiques de l’histoire du football français.
Le choc contre l’Allemagne, le début de la mauvaise histoire
Avant d’entamer cette Coupe du monde en Espagne, l’équipe de France a disputé une série de matches préparatoires assez moyens. Elle démarre d’ailleurs très mal la compétition en s’inclinant d’entrée contre l’Angleterre (1-3, et un but de Robson après 27 secondes, lire page 10).
Après plusieurs tâtonnements tactiques, le jeu prend enfin forme. Les joueurs vont de l’avant, pratiquant un football de plus en plus offensif. Les Tricolores séduisent et se hissent jusqu’en demi-finales pour un match mythique, qui va virer au drame pour les Bleus ce 8 juillet 1982 à Séville. Alain Giresse, qui pensait bien offrir le but de la victoire en prolongations la France menait alors 3-1 ! se souvient :
« Avant le coup d’envoi, on était surtout heureux de se retrouver en demifinales. C’était assez inattendu. On n’avait vraiment pas ce statut de favori face aux Allemands. On voulait faire de notre mieux sans avoir de regrets. Juste bien jouer pour espérer quelque chose. Je me souviens qu’il y avait beaucoup de concentration dans les vestiaires. Mais aussi beaucoup d’envie en attendant le coup d’envoi ».
« Gigi » analyse le déroulement de cette rencontre hors-norme avec lucidité :
« On a moins bien démarré que les Allemands. Leur premier but (Littbarski, 17ème minute) nous a un peu réveillés (sourire). Nous sommes progressivement rentrés dans le match. On a pu rivaliser. On a même égalisé (but de Platini, 26ème minute). La seconde période a tourné largement en notre faveur.
Mais on n’a pas traduit cette domination par des buts. Comment oublier ce fait de jeu quand Schumacher percute Patrick Battiston (57ème minute) ? Ni leur gardien, ni l’équipe n’ont été pénalisés. C’était cruel. On a eu très peur pour Patrick. Il fallait continuer à jouer coûte que coûte.
Malgré ce qu’il venait de se passer, il fallait rester axé sur le jeu sans se disperser. Ce qu’on est arrivé à faire. Jusqu’aux prolongations… ».
« On n’a pas été trop calculateurs. On aurait dû… » Giresse
A partir de là, la France hausse le ton. Les Allemands sont débordés :
« On était davantage frais physiquement qu’eux. Nous étions plus à l’aise. On fournissait des efforts plus facilement. Nous avons marqué un 2ème but (Trésor, 92ème minute), puis un 3ème (Giresse, 98ème minute). Ce 3ème but nous laissait imaginer qu’on était en finale de Coupe du monde.
Mon moment de joie intense sur mon but prouve bien qu’on s’y voit. Malheureusement avant le 2ème but allemand (Rummennigge, 102ème) il y a d’autres faits de jeu qui ne tournent pas en notre faveur. Une faute notamment non sifflée sur moi et Michel Platini.
Cela avait entraîné leur 2ème but. De notre côté, on était restés dans l’euphorie. On n’a pas été trop calculateurs. Nous aurions dû. On s’est trop exposés. Les Allemands sont revenus à la marque en égalisant (Fischer, 108ème) »….
On connaît la suite. La séance des tirs au but est terrible. Six et Bossis manquent le leur :
« Ce match nous a forcément tous marqués. On est passés par des états émotionnels divers. Même des années après ça reste un match très particulier. Cela ne pouvait pas nous laisser indifférents. Aurait-on gagné la finale ? Tout était possible. On était dans un état euphorique. On ne connaîtra jamais l’issue du match contre l’Italie. Mais tout était envisageable » regrette Giresse.
Battus au stade des demi-finales, les Tricolores enregistrent cette année-là leur meilleur résultat depuis 1958. Mais que la pilule est dure à avaler ! La déception a été à la hauteur de l’espoir.