vendredi 13 décembre 2024

Rétro : en 1993, face au Milan, l’OM avait tout prévu, la victoire ne pouvait pas lui échapper

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

Serrée, intense, très tactique, la finale de Munich a basculé à la 44ème minute quand Boli s’est élevé au-dessus de tout le monde pour marquer le but le plus important de l’histoire de l’OM. Celui qu’on se raconte encore, trente ans après, avec le sentiment toujours plus fort d’avoir assisté à un moment rare.

Le 26 mai 1993, Guy Roux est devant sa télé. Un mois après avoir échoué en demi-finale de la Coupe UEFA aux tirs au but face à Dortmund, le sorcier bourguignon est plus que jamais intéressé par la quête de ces fameux points UEFA qui déterminent le nombre de clubs qualifiés pour les coupes européennes. Les clubs français traversent la meilleure période de leur histoire.

Avant le rendez-vous de Munich, Marseille et Monaco avaient déjà atteint, à tour de rôle, une demi-finale (1990) et une finale (en 1991 et 1992) et en 1993, trois clubs étaient dans le dernier carré européen, le PSG et Auxerre en Coupe UEFA, l’OM en Ligue des Champions.

Casoni : « On savait comment les prendre »

Mais tous buttaient invariablement sur la dernière marche. « L’OM à ce moment là était trés fort, se souvient Guy Roux, mais pas plus, pas moins que l’avaient été le grand Reims dans les années 50, le grand Saint-Etienne dans les années 70. Avant la finale de Munich, ça restait un club français qui échouait régulièrement avec les honneurs et en étant souvent supérieur à des adversaires plus réalistes. C’est pour changer ça que Tapie, qui avait réussi dans le vélo, était venu dans le football. »

Pourtant, avant de retrouver une équipe éliminée deux ans plus tôt en quarts de finale, Tapie n’est toujours pas parvenu à briser ce plafond de verre. Et alors qu’ils avaient abordé la première finale de Bari, face à l’Etoile Rouge de Belgrade, en position de favoris, les Olympiens laissent ce statut à des Milanais impressionnants de maîtrise, qui restent sur une série de dix victoires d’affilée en coupe d’Europe en n’ayant encaissé qu’un seul but !

Le Milan craignait beaucoup l’OM

Vainqueur de la Ligue des Champions en 1989, en 1990, éliminé par l’OM en 1991 et suspendu en 1992 (en raison de leur refus de revenir sur le terrain après une panne d’éclaraige au Vélodrome au match retour alors que l’OM menait 1-0 à la 80ème minute), le Milan du trio batave Rijkaard-Van Basten-Gullit domine l’Europe du football. Pourtant, malgré les chiffres et les stats, les deux précédentes confrontations face à l’OM ont fissuré la belle assurance des hommes de Berlusconi.

« Le Milan avait beau être la dream team de l’époque, poursuit Guy Roux, il craignait beaucoup l’OM. Van Basten et Gullit étaient blessés, ce qui s’avèrera déterminant en finale… et Papin n’avait pas dans cette équipe les mêmes automatismes qu’à l’OM. »

C’est en n’ayant rien à perdre, tout à gagner, quand son adversaire ambitionne de retrouver une coupe abandonnée depuis deux ans, que l’OM prépare ce match. « Nous avions déjà gagné ce Milan là, nous dit Bernard Casoni, blessé et qui ne participa pas à la rencontre.

On savait comment les prendre, en jouant haut, en allant les chercher, en les mettant sous pression. Encore fallait-il être capable de le faire pendant tout un match… » Bref, en jouant comme eux… mieux qu’eux ! Il fallait oser. Et rendre aujourd’hui à Goethals ce qui appartient à Goethals.

« On a joué chaque fois de la même manière contre eux, soulignait l’entraîneur belge lors des vingt ans de la finale chez l’un de nos confrères, et eux n’ont jamais changé de tactique. Je la connaissais par coeur, je l’appliquais déjà à Saint Trond il y a 40 ans ! »

Au 4-4-2 à la sauce Sacchi reprise par Capello, l’OM oppose un 3-4-3 qui a l’immense avantage de couper les ailes milanaises, celles de Lentini et de Maldini à gauche, de Donadoni à droite, avec une bataille essentielle au milieu de terrain où se heurtent les deux blocs.

Durand : « S’ils avaient marqué en premiers, on ne serait pas revenus »

Les hors-jeu sont nombreux, et le Milan tente de jouer long pour occuper l’espace dans le dos de la défense marseillaise qui applique une individuelle dans la zone, qui sied bien au profil de Boli et Desailly, tous les deux excellents sur l’homme, quand les Italiens restent fidèles à leur défense de zone intégrale. Le salut de l’OM passe alors par une activité défensive de tous et de tous les instants, pour enrayer le circuit préférentiel italien (Baresi, Rijkaard-Van Basten) et éviter les longs ballons en profondeur. Les efforts défensifs de Pelé, Boksic ou Völler s’avèrent donc précieux.

« Cette finale a été articulée autour de trois temps forts, se souvient Jean-Philippe Durand, entré à la 60ème minute. Notre début de match a été poussif, plutôt dominé par les Italiens qui auraient pu marquer à plusieurs occasions. D’ailleurs, s’ils l’avaient fait, j’ai le sentiment que nous ne serions pas revenus. Jusqu’au but de Boli qui a été déterminant, le moment charnière de la rencontre. »

L’agressivité défensive marseillaise, l’intelligence tactique d’un Deschamps, pas en jambes, mais terriblement pertinent dans son positionnement et ses remarques, font le reste. Face à un Van Basten diminué, un Papin pas dans le coup et un Milan inoffensif, le temps joue pour l’OM.

« La deuxième période a été différente. J’avais l’impression que rien ne pouvait nous arriver, poursuit Durand. On était trop déterminés et concentrés pour leur offrir l’opportunité de marquer. J’ai le souvenir d’une grande sérénité, d’une grande solidité de notre part. Pour égaliser, il aurait fallu un exploit individuel de leur part… » qui n’est jamais venu.

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